dimanche 30 décembre 2012

The recent me : Anna


Ah! Ma Lyne,  Mon Anna (C'est presque "Mon nanan") enfin ce "look" de blonde que j'attendais depuis si longtemps.  Pourquoi m'avoir fait languir à t'espérer ainsi, aguichante à souhait, telle Aphrodite devant Ephaïstos? Ma douce, que j'aime que tu te dévoiles ainsi, quelques heures avant que repose derrière nous 2012 et toutes ses épreuves. Lançons-nous mon amour, soyons fous! Approche mon aimée; tu entends ce ronronnement...non, ce n'est pas le chat de la voisine.  Quoi? Tu veux que je patiente quelques instants? Encore? Comment? Pourquoi? Ah! Le nouvel an! Oui, je l'écris à l'instant mon amour.

Bonne année à toutes nos amies et tous nos amis et à tous les membres de notre chère famille. Nous vous remercions sincèrement pour vos pensées, votre support, vos prières, vos douceurs, vos appels, vos commentaires sur le blogue et vos paroles si encourageantes. Que 2013 vous apporte santé, bonheur et sérénité.  Profitez de chaque instant qui passe, savourez comme du bonbon chaque minute de votre vie que vous partagez avec ceux que vous aimez...car, oui, "la vie est si fragile".

Oui, j'arrive Anna!!  OUPS!! Lyne


jeudi 27 décembre 2012

Une BELLE journée!


La veille de Noël, ma mère m’apprenait que ma grand-mère s’était cassé un pied. Comment est-ce possible de se casser un pied en fauteuil roulant? La préposée l’amenant rapidement pour son bain n’avait pas pris le temps de fixer le repose-pied du fauteuil et son pied s’est, dit-elle, glissé sous la roue. Quelle horreur ! « C’est ben mal cassé, affirmait-elle. J’en ai crié et pleuré un coup. » Mon grand-père aussi était dans tous ses états. Elle avait passé des heures à l’hôpital et devait se rendre dans une autre institution, à une heure de là, le lendemain, pour qu’on lui fasse un plâtre.

Ma mère et moi avons passé le reste de la soirée, et le lendemain, à nous inquiéter, nous imaginer le pire, nous culpabiliser d’être si loin et de les savoir seuls, et Dieu sait qu’on en voulait à la préposée. Le lendemain soir, ma grand-mère nous appelait pour nous dire : « J’ai passé la plus belle des journées! Il faisait beau sans bon sens, la route vers Amos était magnifique. Ils m’ont servi un beau repas dès mon arrivée et mon pied, et bien il n’est même pas cassé; je n’ai pas besoin de plâtre. Ils m’ont mis une belle botte qui vaut 125 $ et que je pourrai garder en souvenir! »

La morale de cette histoire : ne pas s’imaginer le pire, s’inquiéter, se culpabiliser dans des situations où n’avons pas toute l’information. Chacun a ses difficultés, où qu’il soit, et doit composer avec celles-ci du mieux qu’il le peut. Nous ne pouvons que prêter une bonne oreille, souhaiter ce qu’il y a de mieux et ensuite savoir se détacher de ce qu’on ne peut contrôler. Surtout ne pas s’empêcher de passer soi-même « la plus belle des journées! »

vendredi 21 décembre 2012

Phase deux


Le premier traitement au Taxol a été fort désagréable. On m’administre une dose élevée de Benadryl  pour contrer les risques d’allergies causée par le Taxol. Je me suis immédiatement sentie étourdie et endormie. J’avais des fourmis dans les jambes et cette sensation me donnait une envie de courir à toute allure dans le corridor, mais j’étais si droguée que l’idée de me lever me semblait un fardeau. Dieu merci, au bout des trois heures du traitement, ces effets se sont dissipés. Par contre, j’ai très peu dormi ces trois dernières nuits. Le Dr Bouganim insiste pour qu’on administre le Benadryl avant le traitement du 26 décembre. La dose pourra être réduite pour le traitement du 2 janvier.  

J’ai souvent souhaité, dans le passé, trouver des moyens pour briser la routine qui s’installe si facilement dans le quotidien. Je me rends compte, toutefois, qu’il y a une forme de routine saine qu’on gagne à maintenir. Pendant ces derniers mois, je me levais tôt, j’allais marcher presque immédiatement, j’écrivais, je peignais et j’arrivais à insérer toutes sortes de petites tâches entre ces activités. Il est facile de se laisser distraire par tout et rien, puis voilà que les activités qui nous font du bien prennent moins de place et il va de soi que l’on se sent moins bien.

Parmi les effets secondaires de cette deuxième phase des traitements, il y aura la fatigue et les douleurs musculaires. Nous savons très bien que le meilleur moyen de contrer la douleur et la fatigue est l’exercice. Pendant que j’écris ces mots, mon regard s’est tourné vers la fenêtre et j’ai perçu le vent fort, la pluie fine et la grisaille. Ça m’tente pas. Par contre, j’ai un DVD extraordinaire de QiGong Yoga de Nicole Bordeleau qui m’a été offert. Il s’agit d’une session d’exercice de 35 minutes qui se fait lentement et me permet d’étirer tous les muscles de mon corps dans une atmosphère douce et apaisante. Pour mon bien-être physique et moral, je m’engage, pour les mois à venir, à faire 30 minutes d’exercice par jour, au moins 5 jours par semaine. Si le temps le permet, j’irai marcher. Sinon, je ferai le Qi Gong. J'espère que, disons dans un mois, je pourrai vous dire que j'ai atteint mon objectif.

dimanche 16 décembre 2012

L'espoir

Cette année, j’apprécie particulièrement la période de l’avent qui pour les chrétiens représente la période de la préparation de la venue du Christ. Depuis novembre, la grisaille, les journées courtes, la pluie, le froid et le vent se sont installées dans nos vies. Depuis les époques païennes, des réjouissances s'organisent durant ce temps de l'année, manifestant la volonté des hommes de conjurer la peur de rentrer dans une maison morte plongée dans la nuit et l’arrivée effrayante de longues nuits. Le symbole principal de l’avent est sans conteste la lumière qui chasse l’obscurité, mais aussi représente l’espoir et la lutte contre le mal, la souffrance, l’impuissance. L’attente de Noël se transforme en célébration de la lumière et de la fécondité. Les jours sombres se remplissent de lumières. Des symboles religieux qui, lorsqu’on s’y arrête, contribuent à modérer la frénésie de Noël telle qu’on la connaît pour en faire une expérience significative et transcendante comme elle se doit d’être.  




vendredi 14 décembre 2012

Le magasinage


Nous vivons dans une société qui ne valorise que l’agir et nous encourage à fuir tout sentiment d’inconfort physique et psychique. Dans la presse d’il y a quelques semaines, on parlait du magasinage comme d’une drogue douce. « Dans la société de consommation, acheter est devenue une drogue socialement acceptable. » On décrit les acheteurs compulsifs comme étant des gens qui ont une carence affective, qui magasinent pour combler un manque. Ils vont acheter comme d’autres prennent de l’alcool. Mais contrairement à la drogue ou l’alcool, le magasinage est valorisé. Même le gouvernement incite à acheter pour stimuler la croissance économique. Les enfants apprennent à développer l’habitude de penser : quand ça ne va pas, quand je suis triste, je vais magasiner pour combler le vide. Ainsi, les entreprises vendent du bonheur.

Ma fille Léah me disait lors d’un souper en tête à tête récemment « Maman, je ne veux plus que tu me demandes ce que je souhaite avoir pour Noël. Cette fête que je vois de plus en plus comme un simple prétexte à la consommation me déplaît de plus en plus. Cela devrait être un moment ou le but est d’être ensemble, en profiter pour échanger de petits cadeaux peu dispendieux qu’on a pris le temps de choisir pour le plaisir de donner à ceux qu’on aime. » Je suis reconnaissante pour ta sagesse, chère Léah.

Le cancer a certainement un impact sur nos vies, physiquement et affectivement et il aura sans doute aussi un impact économique. Suite aux 16 semaines de prestations gouvernementales pour un congé de maladies se terminant en janvier, je ne recevrai pas un sou pendant les mois, voir l’année où je composerai avec la maladie. Cela fait en sorte que l’on doive évaluer clairement notre budget et surtout, déterminer quelles sont nos priorités et éliminer tout superflu. Je souhaite choisir de voir cette occasion comme un beau défi : s’en tenir à l’essentiel, à ce qui compte. Concentrer notre attention sur nos vrais besoins et voir à les combler avec du vrai.

lundi 10 décembre 2012

Les plaisirs de l'enfance



Le mercredi, c'est la fête. C'est le jour où je vais chercher à la garderie Zoé et Mya, les filles de Malika. Pas tous les mercredis, on attend que les effets du traitements se soient un peu dissipés avant de faire la fête, mais disons que nous anticipons tous les quatre ce moment avec une certaine impatience à laquelle s'ajoute une pluie de sourires.  Quel plaisir nous a fait l'appel de Malika la semaine dernière; elle nous disait que les filles avaient fait une petite crise le matin disant ne pas vouloir aller à la garderie, elles voulaient plutôt aller, et je les comprends, chez grand-maman Lili et grand-papa. Ça met un sourire dans le cœur pour des jours et des jours d'entendre ces mots.

On a passé la soirée à s'amuser, à rire, à danser, à se chatouiller, on a mangé des nouilles (que grand-papa essayait de nous voler même lorsqu'elles pendaient sur le bord de nos lèvres) et des légumes (il faut toujours des légumes), mais surtout des framboises; on prenait plaisir à insérer notre petit doigt bien au centre avant de les faire disparaître et les entasser dans notre bouche.

Puis il y a eu l'heure du bain, et les sauts sur le lit avec Lili avant de mettre les pyjamas.

Au moment du départ, les bisous, des câlins et des "je t'aime" qui  résonnent longtemps après leur départ.

Merci pour ces deux anges qui prennent si bien soin de nous et qui nous apprennent le précieux du moment présent.



 "…les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence.  On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie.  On le sait bien : il joue, il pleure, il rit.  Il vit – 
 et ça suffit pour vivre…"

La merveille et l’obscur de Christian Bobin




mercredi 28 novembre 2012

Moment de création

On a tous un lieu où l'on se sent extrêmement bien, où l'on sent que tout est possible, un endroit où l'on peut pleinement se sentir vivre et vibrer.  Cet endroit, c'est son atelier.  C'est là que Lyne puise son énergie, là où elle prend son envol.  J'adore arriver à la maison et voir son sourire au moment où elle me dit: "ferme les yeux", jusqu'à ce qu'elle me dévoile ses trésors.

lundi 26 novembre 2012

La mi-chemin de la chimiothérapie


Demain matin, je recevrai le quatrième et dernier des traitements d’adriamicyn et de cyclophosphamide. J’en suis bien contente, car il s’agissait, selon les dires de mon oncologue, de la part la plus difficile du parcours. À compter du 18 décembre, j’entreprendrai les traitements de taxol qui auront lieu toutes les semaines pendant trois mois. J’en suis donc à mi-chemin en ce qui concerne la chimiothérapie. Je devrais m’en réjouir.  Toutefois, ce soir, je suis fatiguée et j’anticipe un peu ce qui m’attend demain. Pour compenser, j’ai fait appel aux services d’une massothérapeute en oncologie du Royal Victoria qui s’occupera de me faire du bien pendant le traitement. Je vais tenter de garder ma tête fixée sur cet aspect de la matinée! 

Je suis reconnaissante envers nos familles qui ont eu l’idée touchante de joindre leurs pensées à un moment de la semaine où tous étaient disponibles afin de créer un faisceau d’amour pour nous envelopper Réjean (mon cher beau-frère, pris d’un cancer de la rate) et moi.  La foi, dit-on, déplace les montagnes.  Merci pour cette radiothérapie d’amour.  

Je vous envoie de gros bisous « push push » (vaporisateur), comme ceux, adorables, que m’ont fait Mya et Zoé en fin de semaine.

dimanche 25 novembre 2012

Symphonie no 3, dite « des chants plaintifs » - Henryk Górecki


La symphonie no 3, dite « des chants plaintifs », du compositeur polonais Henryk Górecki, a connu un succès inattendu lorsque son enregistrement par la London Sinfonietta, en 1992, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde et devint, de tous les temps, l’album le plus vendu d’un compositeur contemporain. Ce n’est pourtant pas l’œuvre de Madonna, ou Britney Spears, mais une musique sombre, poignante, tirée de textes profondément religieux – le second mouvement s’inspire des mots d’une prière à la vierge Marie retrouvée sur les murs de la cellule d’une prisonnière polonaise dans le siège de la Gestapo à Zokopane, dans le sud du pays. Górecki fait partie d’un groupe de compositeurs radicaux qui écrivaient de la musique souvent exempte de rythme ou de mélodie et centrée surtout sur la tonalité; plus celle-ci était crue, forte et discordante, mieux c’était. Pour Górecki, la musique devait toujours être significative et porteuse d’un message. À l’instar du rythme lent d’une longue prière rituelle sourde et angoissante,  la symphonie des chants plaintifs exige l’attention de celui qui écoute pendant une heure. Ces trois mouvements tout en lenteur, progressent des basses graves, presqu’inaudibles aux instruments à cordes jusqu’à ce que l’orchestre entière soit engagée dans toute sa gloire.

La souffrance, la peur, l’angoisse sont des sentiments réels. Bien que je sois fort consciente de l’importance d’être positive, de profiter de tout ce que la vie m’offre de doux et de bon, je suis tout aussi consciente de la valeur de savoir regarder la réalité en pleine face. J’ai un cancer et même si mon pronostic est favorable, l’impact des traitements de chimiothérapie m’ébranle. La sensation d’avoir le corps chargé de produits chimiques est troublante. Et il en est de même pour la vue de mon visage et de mon corps enflés, pour la perte de mes cheveux, sourcils, cils, et poils, pour mon insomnie causée par la surcharge de cortisone. L’idée des nombreuses cellules saines qui sont détruites en même temps que les mauvaises aussi, et d’une éventuelle mastectomie.

S’il est important d’être positive quant à toutes ces inquiétudes qui m’assaillent par moment, et d’AGIR, il est avant tout important d’y faire face. Ces craintes sont authentiques, elles sont tout à fait légitimes, HUMAINES et avant de pouvoir passer à autre chose, je me dois de reconnaître leur présence en moi. C’est ce qui me permet ensuite de les apprivoiser et, par la suite, d’en apprécier la valeur dans mon parcours humain.

Autant que la musique de Górecki peut déranger, mon cancer me dérange. Je ne peux faire abstraction de sa présence.  Au contraire, je le laisse m’atteindre et, actuellement, je m’en sers afin d’exprimer le plus « précisément » ce qu’il me fait vivre. Je lui donne une voix à travers mes œuvres, et mes œuvres traduisent visuellement les sensations que produit en moi ce cancer.

À quoi peut-on attribuer le grand succès de la symphonie no 3 d’Henrick Górecki ? Au-delà du fait qu’il s’agit d’une musique profondément belle et certainement unique, le « minimalisme sacré » de Górecki a su exploré le besoin profond des gens, en ces temps profanes et incertains, pour ce qui a un sens, pour ce qui touche au divin, pour ce qui est réconfortant et sécurisant d’une manière plus profonde que ce que nous offre maintenant notre civilisation contemporaine. Voici ce qu’en déclare une critique :

… l’une des œuvres les plus sombres et tristes qu’il soit donné d’entendre. La liberté artistique propre aux contemporains permit à Gorecki… d’aller à l’essentiel… grâce à une science acquise en maître de la musique contemporaine, de ne pas enjoliver, de ne plus compliquer… nous voici donc, avec lui, au plus profond. A l’aide de quelques notes, d’harmonies bouleversantes, il vous cerne le cœur, il l’écrase… il vous oppresse le corps. Tout semble pourtant calme, le lento médian est d’une beauté éthérée et lumineuse à faire pleurer les morts… cette symphonie se tait, mais fait hurler votre âme. Une voix de sirène et qui pleure avec grâce, une vision des abysses… un des plus immenses chefs-d’œuvre de la musique pour larmes.

Je suis reconnaissante à Henrick Górecki d’avoir cru à l’essentiel, d’avoir eu le courage d’aller au plus profond des abysses nous ayant permis d’apprécier cette œuvre divine monumentale dont je m’inspire aujourd’hui dans la création de mes œuvres.  

vendredi 23 novembre 2012

Écris ta vie sur moi

Ce soir, je suis revenu du bureau avec le coeur qui vibrait au son d'une chanson de Richard Séguin; sa voix chaude parlait d'un sentier secret. En quelques minutes, j'étais complètement ému et j'avais peine à retenir mes larmes. Ce "sentier secret" c'est ce chemin intime, cette voie où on laisse entrer l'être aimé, cet endroit où, sans crainte d'être vulnérable, on permet à l'autre de nous rejoindre, ce lieu illuminé, bien collé sur notre âme.

Le lien qui existe entre Lyne et moi, cette force qu'insuffle nos échanges et l'écoute et le respect qui les enveloppent, ces mots que l'on se murmure, ces regards qui nous traversent, ce sentiment de confiance qui m'habite et ce désir d'engagement qui caractérise chacun de mes pas à ses côtés depuis que nos chemins se sont croisés, tout cela à un prix. Ce que tu affrontes, je l'affronte aussi. Tes souffrances et les inquiétudes qui assaillent tes jours comme tes nuits teintent le rythme de mes pas. Malgré tout, je dis OUI! Écris ta vie sur moi aujourd'hui et demain et vivons ce que la vie nous offre.

L'émotion qui pressait mon coeur ce soir trouvait sa source dans les craintes que ce cancer fait naître et l'approche de cet autre traitement que devra recevoir Lyne mardi prochain.  Chaque traitement rapproche ma douce d'une guérison; chaque traitement porte néanmoins la mort, celle de nombreuses cellules saines qui l'habitent.  Depuis 5 mois, chaque jour est un défi, pour elle comme pour moi, et même si tous deux demeurons bien positifs et prenons plaisir à prendre soin l'un de l'autre, à surveiller notre alimentation ainsi que notre santé tant physique qu'émotionnelle, il y a de ces moments où nous nous sentons fragiles.  Ce soir, c'est mon tour. Quand je suis entré et que j'ai fait jouer cette chanson de Seguin et que je t'ai amenée danser au salon, bien collé, c'était pour moi, j'avais besoin de tes mains amoureuses et rassurantes. Aimer, c'est aussi, parfois, souffrir de devoir accepter la vie dans ce qu'elle a de moins rose.

jeudi 15 novembre 2012

Le personnel médical


La semaine dernière, Marc et moi passions le weekend à Ottawa dans le but de changer d’air, visiter de la famille, nous rendre au Musée National, nous promener dans le marché Byward… ce qui fut bien agréable. Toutefois, le prix à payer a été un séjour de deux jours à l’hôpital Royal Victoria faisant suite à une gastro-entérite avec fièvre. Il faut ce qu’il faut.

Nous avons eu tellement de compassion pour le personnel hospitalier qui se démenait sans arrêt pour les patients qui semblaient tapisser chacune des parois murales du département. Ils étaient appelés au secours et réagissaient avec dévouement aux malades qui, inquiets, alarmés, exigeaient leurs services. Il y a bien eu, à tort ou à raison, quelques gestes impatients de la part d’infirmiers et d’infirmières à bout de souffle. C’était toutefois bien peu, considérant les tours de magie qui sont exigés de leur part. Bravo à toutes ces équipes médicales qui, jour après jour, tout au long de l’année, se dévouent pour notre mieux-être.

La morale de cette histoire : je serai encore plus que vigilante quant à l’hygiène alimentaire surtout. Je prie tous les gens qui ont la gentillesse de nous inviter à partager un repas de prendre bien soin de vous laver les mains, les outils et les surfaces de cuisines de manière exagérée. Le système immunitaire des gens qui ont un cancer et qui subissent des sessions de chimiothérapie est à son plus faible, ce qui signifie qu’ils ont plus que jamais la possibilité d’attraper tout ce qui passe. On a besoin de votre aide. Aussi, il faut noter que nous évitons les bisous et les câlins pendant toute cette période pour les mêmes raisons. Mais, n’allez pas penser qu’on ne vous aime pas! On se reprendra bien plus tard.  Je vous aime!!

vendredi 9 novembre 2012

Simplifier la vie



Marc m’a lu, il y a quelques soirs, cet extrait de Où tu vas tu es de Jon Kabat-Zinn. Je l’écris intégralement, car je crois profondément en l’importance de ce que soulève l’auteur. Je souhaite tendre vers ce mode de vie et je suis reconnaissante envers les grands penseurs comme Thoreau qui ont pavé la route afin que nous puissions suivre leur trace. Je suis consciente que cela peut représenter le travail de toute une vie, mais il est l’heure du départ :  

Il m’arrive souvent d’avoir l’impulsion d’introduire quelque chose en plus dans le moment présent. Encore un coup de téléphone, encore un petit arrêt sur mon chemin avant d’arriver ici.

J’ai appris à identifier cette pulsion et à m’en méfier. Je travaille dur à lui résister. Elle m’incite à lire pour la énième fois le contenu diététique sur la boîte de céréales en prenant mon petit déjeuner. Cette impulsion se nourrit de n’importe quoi pourvu que ça occupe ailleurs. Le journal du matin est la tentation idéale, ou le catalogue de jardin, ou n’importe quel écrit qui traîne. Elle récupère tout pour m’abrutir avec la complicité de mon esprit embrumé. Elle me remplit le ventre sans que je puisse vraiment apprécier mon petit déjeuner.

Cette pulsion ravageuse me rend parfois indisponible à ce qui m’entoure. Ainsi, je ne vois pas le rayon de lumière jouer sur la table, je ne sens pas la bonne odeur du bacon en train de frire. Je suis distrait par les énergies éparpillées autour de moi, les discussions et les querelles de la famille qui est réunie avant de se disperser pour les diverses occupations de la journée.
Il me plaît de simplifier ma vie afin de contre-carrer de telles impulsions et de permettre à toute nourriture d’alimenter mes racines profondes. Cela signifie que je m’efforce de ne faire qu’une seule chose à la fois. D’être disponible aussi. Pendant une journée de nombreuses occasions se présentent : aller se promener, en passant quelques instants avec le chien pendant lesquels je suis entièrement à lui. Simplifier la vie veut dire moins de déplacements au cours d’une journée, voir moins afin de voir mieux, faire moins afin de faire plus, acquérir moins afin de posséder plus. Tout est lié. Pour moi, père de famille, mari, fils aîné de mes parents, très impliqué dans mon travail, l’impulsion de partir m’asseoir sous un arbre dans la forêt, de vivre auprès d’un étang de Walden, d’écouter l’herbe pousser, de voir les saisons changer, pose un sérieux problème. Cependant, parmi le chaos organisé, la complexité de la vie de famille, ses frustrations et ses dons merveilleux, il y a toujours moyen de choisir la simplicité dans les petites choses.

Ralentir le rythme nous simplifie la vie. Ordonner à mon corps et à mon esprit de rester tranquillement avec ma fille au lieu de répondre au téléphone. Ne pas suivre l’impulsion de téléphoner à quelqu’un qui « a besoin d’être appelé » justement à ce moment-là. Ne pas céder à la pulsion d’acheter n’importe quoi en écoutant les sirènes de la publicité sous toutes ses formes. D’autres moyens de simplifier la vie sont peut-être de rester chez moi un soir, sans rien faire de particulier, en lisant un livre, en me promenant seul ou avec l’un de mes enfants ou ma femme. Ou encore d’empiler les bûches sur le bûcher, ou de contempler la lune ou de sentir sur mon visage la douceur de l’air sous les pins. Je pourrais aussi aller me coucher tôt.
Je m’efforce de dire non, afin de me simplifier la vie, mais c’est difficile. C’est véritablement une discipline ardue qui mérite tous nos efforts. Parfois, il s’agit d’un choix délicat, car il y a des opportunités et des demandes auxquelles il faut répondre. Cela exige une adaptation, une réévaluation constantes. Mais je me suis rendu compte que le principe de simplifier les choses de ma vie me rend attentif à ce qui est important, à la corrélation entre l’esprit et le corps et l’univers entier. On ne peut jamais tout contrôler; mais le choix de la simplicité ajoute à l’existence un sentiment de liberté qui nous échappe si souvent et l’occasion de découvrir que le moins est peut-être le plus.

Pour faire suite à plusieurs réflexions en ce sens, Marc et moi avons décidé d’éliminer la télévision de notre salon. Il s’agit pour nous d’un geste significatif auquel s'ajouteront d’autres modifications qui tendent vers une simplification de notre vie telle que nous la souhaitons.   

mercredi 7 novembre 2012

The new me

Zosha from Romania


Tout au début, lorsqu'on m'a suggéré d'essayer perruques, maquillage, froufrou, je me suis dit qu'il n'en était pas question. Et puis, dernièrement, assise à attendre pour mon troisième traitement de chimio, il m'est venu à l'idée d'aller essayer quelques perruques, pour passer le temps. J'ai eu un plaisir fou, je suis allée chercher Marc dans le but de partager cette drôlerie, et de là est né l'idée de transformer mon apparence, comme bon me semble, à divers moments de ce parcours, par pur plaisir. Je vous laisse découvrir les multiples facettes de la Lyne que vous ne connaissiez pas... et moi non plus.

mardi 6 novembre 2012

Troisième traitement/ Third treatment

Voilà, c'est fait.  Le troisième traitement est complété.  Le prochain sera, à ma grande surprise, le dernier de cette première série. Par la suite, à partir du 18 décembre, j'aurai un traitement par semaine; ce qui devrait m'amener au début mars pour la fin de mes traitements en chimiothérapie.  Je me réjouis déjà du fait que les nausées ne seront pas du programme pour cette seconde série de traitements.

J'aurai une belle surprise pour mes lecteurs demain. Vous y découvrirez un des aspects de ma personnalité encore non dévoilé.

That's it, the third treatment is done.  In three weeks from now, i was quite surprise to hear this, I will receive the last BIG chemo treatment.  What a relief!  Beginning Décember 18th, I will receive one treatment per week untill the beginning of March.  I am already gratefull that these new treatments will not make me nauseous.

Tomorrow, I will give my blog readers a real BIG surprise as I will reveal one aspect of my personality that i kept for myself for too long.

dimanche 4 novembre 2012

Prendre mon plaisir au sérieux

Je suis l’aînée de quatre enfants, la seule fille. J’ai un sens de la responsabilité débordant et je suis atteinte du syndrome de perfectionnisme. Quelqu’un m’a dit il y a de nombreuses années, « tu n’es pas seule, tu n’as pas à tout prendre sur tes épaules, tu peux demander de l’aide. » Longtemps, je préférais tout faire moi-même. Ça irait plus rapidement, je n’aurais pas à attendre pour qui que ce soit et ce serait fait à mon goût. Il s’avère que maintenant, et c’était ainsi bien avant la nouvelle de mon cancer, je n’ai plus l’énergie pour tout faire. J’ai compris que chacun fait les choses différemment, ni mieux, ni pire que moi. J’ai compris, je sais. Toutefois, c’est tellement ancré dans ma façon de vivre, que j’ai peine à modifier ce comportement. Néanmoins, il le faut. C’est mon corps qui le réclame. Il y a bien entendu, des occupations quotidiennes dont je dois m’occuper. Toutefois, m’amuser, rire, flâner sont des activités tout aussi importantes pour mon esprit comme pour mon corps. Nous vivons dans une société centrée sur ce que l’on doit faire et il va de soi que ne rien faire soulève en nous un sentiment de culpabilité et de lâcheté. Mes quelques expériences et mes lectures sur la méditation m’amènent à comprendre que ne penser à rien, ne rien faire, être tout simplement, nourrissent le corps et l’âme. Il a été prouvé que le plaisir a un pouvoir de guérison sur de nombreuses maladies.  Il est grandement temps que je prenne mon plaisir au sérieux.  


mercredi 31 octobre 2012

La reconnaissance


Je remercie Dieu, la terre et le ciel pour mon conjoint. Je suis reconnaissante pour son soutien continu. Je suis comblée par sa présence, sa sensibilité qui s’infiltre dans toutes nos conversations et bien sûr ses repas succulents!  

Je suis reconnaissante envers les amis qui sont présents et me soutiennent de mille manières. Je me sens aimée et appréciée.

Je suis reconnaissante d’avoir la possibilité, tous les jours, de m’exprimer par l’art. Chaque moment où je peins est un moment divin me permettant de me détacher du quotidien et des tracas qui ont autrement la possibilité de s’installer et de croître.

Je suis reconnaissante d’habiter un coin de la métropole où j’ai la possibilité, à tout moment, de marcher au bord du lac. Chaque saison, je peux contempler la nature dans tous ses états et dans toute sa splendeur.

Je suis reconnaissante pour le silence qui m’entoure et m’assure le repos dont j’ai besoin.

Je suis reconnaissante pour ma cafetière qui me permet de savourer un bon café au lait.

jeudi 25 octobre 2012

Accepter


“Acceptance is the answer to ALL of my problems today. When I am disturbed, it is because I find some person, place, thing or situation- some fact of my life- unacceptable to me, and I can find no serenity until I accept that person, place, thing, or situation as being exactly the way it is supposed to be at this moment. Nothing, absolutely nothing, happens in God's world by mistake. […] unless I accept my life completely on life's terms, I cannot be happy. I need to concentrate not so much on what needs to be changed in the world as on what needs to be changed in me and in my attitudes.”

Ma seconde session de chimiothérapie a eu lieu mardi dernier. Je prenais pour acquis que tout se passerait tel que la première fois, et que je poursuivrais toutes mes activités exactement comme je l’entendais, mais ce ne fut pas le cas. Il y a bien eu les nausées la première journée, et pendant les trois jours suivants, la surexcitation. Je me réveillais dès    4 h et je roulais sans arrêt jusqu’au soir.  Les somnifères prescrits n’aidant pas, vendredi, j’étais complètement épuisée, puis dimanche, abattue et déprimée.   

En examinant bien la liste de mes médicaments lundi après-midi, mon médecin constata que la quantité de cortisone présente dans mon protocole de chimiothérapie et des médicaments pris pendant les trois jours suivants étaient suffisants pour causer une grande euphorie, suivi par un des effets secondaires, la dépression. De plus, le relaxant musculaire que je prenais le soir contient, comme le somnifère prescrit, des doses combinées de cortisone suffisantes pour causer des cauchemars et entraver le sommeil. La médication a été ajustée, et j’ai lentement remonté la pente pour enfin me sentir moi-même hier. Il s’est passé une semaine depuis le second traitement.

Quelle leçon! J’ai compris qu’avec ce cancer et les traitements aux deux semaines qui s’ensuivent, je ne peux rien prévoir, si ce n’est qu’au fil du temps, je me sentirai progressivement plus fatiguée. S’il y a bien un moment de ma vie ou je dois apprendre à vivre un jour à la fois, c’est maintenant. Christian Bobin a écrit : « La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin au réveil. » C’est ainsi que je souhaite vivre. Accepter l’état dans lequel je me trouve chaque journée qui se présente à moi, et savoir apprécier  les moments où je n’ai pas l’énergie pour peindre, bloguer, marcher, comme étant des occasions de repos, de régénérescence, de recueillement. Ne rien faire. Ce sera sans doute mon plus grand défi.


jeudi 18 octobre 2012

Tu es belle

Depuis ce jour où je t’ai rencontrée, ce jour de juin dans le jardin de nos amis, j’ai su que tu étais belle. Tu avais cette présence pleine d’assurance, ce regard qui parlait de vérité; tu portais en toi un désir de vivre intensément, tes mots s’allongeait en moi comme le font les paroles qui ressourcent et…ce parfum que tu portais, celui de tes sourires qui ne cessait de se répandre en moi.  Ton allure, ta démarche, ce plaisir qui t’habitait, tes cheveux courts qui m’offraient le plaisir de découvrir ta nuque, tu transpirais le « bon », tu portais les traces d’un bonheur prêt à être cueilli.
Il y a près d’une semaine, lorsque je coupais tes cheveux et découvrais la peau que tu cachais dessous, lorsque mes mains ont caressé ton crâne tout lisse, j’ai à nouveau réalisé que ta beauté dépassait ces milliers de cheveux qui pouvaient recouvrir ta tête.  Avec ou sans cheveux, TU ES BELLE, tu rayonnes, tu combles mes jours d’un bonheur aux couleurs d’automne. 
QUE JE T’AIME!

Notre pain quotidien


Depuis la nouvelle de ce cancer qui m’habite, nous portons attention à toutes lectures recommandées qui seraient susceptibles de nous aider à mieux m’alimenter. Un des facteurs importants de tous les cancers est l’inflammation, et il a été prouvé à maintes reprises que certains aliments tels que le sucre et la farine blanche créent de l’inflammation dans le corps.

Il y a belle lurette que la farine blanche ne fait plus partie de notre garde-manger, mais je doutais souvent des bénéfices du blé entier que l’on retrouve dans de multiples aliments en plus du pain. Récemment, Sylvain et Sylvia, mon beau-frère et ma belle-sœur, nous ont prêté un robot boulanger qu’ils n’utilisaient plus. Nous avons donc pris plaisir à préparer plusieurs bons pains, mais je trouvais toujours le goût du blé trop dominant, et le pain trop lourd. Et bien voilà que mon amie Lise, tisserande et cuisinière extraordinaire, m’a prêté le livre de recettes et conseils « Cuisiner pour vaincre la douleur et l’inflammation chronique », de Jacqueline Lagacé.

Bingo! J’y ai trouvé de nombreuses recettes de pains, soit cuit au robot boulanger ou cuit au four traditionnel. Le livre contient des recettes de pains, muffins, crêpes, desserts, sans farine blanche ni blé entier. Nous avons déjà confectionné des pains de riz brun, millet et quinoa, tous délicieux et beaucoup plus léger et plus savoureux. Nous sommes reconnaissants pour toutes ces belles découvertes et en profitons pleinement tout en faisant attention de ne pas exagérer, car il serait facile de prendre du poids bien rapidement!

mercredi 17 octobre 2012

Un jour à la fois


Suivant la rédaction de mon blogue d'hier j'ai été prise de nausées incroyables qui m'ont accompagné jusqu'au coucher. Je tentais de m'occuper à des activités qui modifieraient mon état, je mangeais des petits craquelins secs, rien n'y faisait. Le soir venu, je me suis mise à la création d'une petite œuvre  et, bien que je sois contente d'avoir la discipline nécessaire me permettant d'y arriver et d'obtenir un résultat satisfaisant, je me sentais lourde. Il m'a été difficile de boire les deux litres d'eau prescrits, mais j'y suis arrivée. Le sommeil fait des merveilles et je me sens mieux aujourd'hui. Le docteur Bougamim m'a déconseillé les cours d'aquaforme à cause des bactéries qui se trouvent dans les piscines publiques, alors je ferai plus de marche et des exercices chez moi. Il me trouvait en bien bonne forme physique et morale. Ça m'encourageait.

Je suis reconnaissante d'avoir eu ce deuxième traitement. Avec l'appui de tous ceux qui m'entourent je poursuis, un jour à la fois

mardi 16 octobre 2012

Traitement numéro deux


Yéééé!! C’est fait. Nous nous étions couchés tôt hier et j’ai eu une bonne nuit de sommeil interrompue, bien que je sois toujours enrhumée. Je viens à peine de revenir à la maison suivant mon second traitement  et malgré un peu de nausée et une bonne fatigue, je tiens à informer des gens qui, je le sais, attendent de mes nouvelles. L’infirmière qui s’occupait de moi, Jocelyne, était particulièrement attentionnée. Au début, nous n’étions que deux patientes dans une petite salle de traitement ensoleillée, et elle a pris le temps de clarifier, pour Marc et moi, de nombreux détails au sujet du cancer du sein. Au bout d’un moment, la salle s’est remplie, alors nous sommes retournés à nos lectures.

Dans un livre emprunté de la bibliothèque du département d’oncologie, je trouvais réconfortant de lire de nombreux témoignages de femmes ayant vécu l’expérience d’un cancer du sein et de tous ses aspects. J’étais soulagée d’apprendre qu’il est fort commun d’avoir des pertes de mémoire à court terme, car cela m’inquiétait un peu. On nomme ce phénomène « chemo-brain » (le cerveau de chimio). J’ai fait lire ce passage du livre à Marc et il m’a dit qu’il comprenait bien, « tu ne dois pas te souvenir qu’on a fait l’amour comme des déchaînés hier soir. » L’infirmière et moi avons tant ri!

Je suis tellement reconnaissante pour le sens de l’humour extraordinaire de mon chum.

Je suis reconnaissante de l’amour dont mon mari fait preuve chaque jour depuis douze ans, pas seulement par ses mots, mais tous ses gestes.

Je suis reconnaissante pour l’équipe d’infirmières qui sont à nos petits soins. Je me sens toujours entre  bonnes mains au Royal Victoria et cela adoucit l’expérience.

Je suis reconnaissante pour tous mes amis, ma famille, mes collègues qui m’envoient de l’amour et de la compassion tous les jours.

Je suis reconnaissante d’avoir ce cancer maintenant, et pas avant, car la médecine progresse à un rythme incroyable et je suis persuadée que mon parcours sera plus aisé qu’il ne l’aurait été il y a seulement quelques années.

Je suis reconnaissante d’être vivante et d’avoir la foi.

Je suis reconnaissante de pouvoir tout de suite aller faire un petit dodo.




I am grateful for Marc's incredible sense of humour. 


I am grateful for the love we feel for each other even after 12 years. I feel it through every one of his gestures.
I am grateful to all the nurses at the Royal Vic. I always feel in good hands, and safe. It makes for a more gentle experience.
I am grateful for all my friends, family, and colleagues that inquire about me, who read my blog and write comments. I feel their love and support every day.
I am grateful for having this cancer now. Research is evolving at an incredible rate, and having cancer just a few years ago was more difficult.
I am grateful for being alive and for having faith. 
I am grateful for being able to nap when I need it, like right now.

dimanche 14 octobre 2012

Ma tête chauve : tout un défi



Mon titre a d’abord été « Défi tête rasée ». Et puis, il me semblait que cela ne m’appartenait pas. C’est pour les autres. Ceux dont on ne fera jamais partie. Les cancéreux pour qui on se rase les cheveux pour amasser des fonds. Le défi de la tête chauve, depuis hier, c’est mon défi personnel. Ces derniers jours, après ma douche, la baignoire se trouvait tapissée de mes cheveux courts. On aurait cru qu’un chat s’y était prélassé. Me voici à une autre étape : la perte de mes cheveux.

Marc et moi avions décidé de raser nos têtes complètement la semaine prochaine. Toutefois, je n’avais pas du tout envie de surveiller la perte de mes cheveux dans mon bain, sur mon oreiller, dans ma soupe, alors on a fait ça hier soir. Même si on s’y attend bien, c’est un moment émouvant. Marc est beau. Il a franchement l’aire d’un gars cool. Le chanceux, ça le rajeunit! Ça aura peut-être le même effet sur moi demain, où dans quelques jours, mais actuellement, je suis grippée, j’ai le nez qui coule et je ne me sens pas à mon meilleur. C’est réellement une sensation bizarre. J’explore ma tête et j’ai l’impression de tâter une masse étrange qui ne m’appartient pas. Je porte un chapeau dans la maison, car je sens les courants d’air. Je dois m’adapter à ma nouvelle tête, c’est un fait. Un retour au maquillage et aux boucles d’oreilles est prévu.

Ce rhume m’inquiète. Je rencontre mon oncologue lundi et j’aurai droit à la première prise de sang pour vérifier si mes globules blancs sont en quantités suffisantes pour que j’aie mon traitement mardi. Je serais déçue, mais bon, il faut s’y faire. Ce ne sera probablement remis que d’une semaine, le temps qu’on prenne soin de moi avec de la bonne soupe chaude... J'aurai peut-être le temps de réaliser une œuvre ou deux!

vendredi 12 octobre 2012

La patience


Je suis heureuse et fière de constater à quel point je suis une femme résiliente. Je porte en moi ce cancer. Toutefois, j’ai pris la décision, suivant la courte période où je me suis permis de verser un plein seau de larmes, que je ferais tout ce qu’il m’est possible de faire afin de ne pas me laisser abattre par la maladie. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai jamais été aussi heureuse et comblée.

Je fais de la méditation deux soirs par semaine, du yoga une fois, et je viens à peine de débuter les cours d’aquaforme de deux à trois fois semaine. À certains moments, j’avoue qu’il serait plus facile de laisser tomber une activité ou deux. Cependant, je ne me le permets pas, simplement parce que je sais que l’activité me fera du bien, et c’est toujours le cas. L’acupuncture aidant, mon niveau d’énergie est étonnamment élevé depuis deux semaines, et Dieu sait à quel point j’en ai profité.  

Depuis le début de mes traitements, je peins presque tous les jours. J’écrivais récemment que j’éprouvais des difficultés avec ma production, que je me sentais éparpillée, mais que j’étais consciente de devoir persister avec  engagement et la foi en ma démarche créative.  Et bien voilà. J’ai créé ces jours-ci  deux œuvres qui seront le fil conducteur de toute une série de peintures. Je me sens emballée.  Il fut un temps où ma patience se comparait à une allumette enflammée : il faut agir rapidement avant de se brûler. Je suis reconnaissante d’ainsi  prendre le temps.

I am so exactly where I need to be.

jeudi 11 octobre 2012

Être bien entourée


Aujourd'hui, j'ai eu le plaisir de dîner avec plusieurs de mes collègues de bureau. Je suis revenue à la maison joyeuse, mais surtout consciente de l'importance des liens qu'on établit avec les gens. Je suis bien entourée : il y a les membres de ma famille immédiate et celle de mon conjoint, de nombreux amis et collègues que j'estime beaucoup. 

Je suis une personne qui apprécie le silence et la solitude favorables à la réflexion et la création. Il m'est facile de passer de nombreuses journées chez moi sans radio, ni télévision, mais je suis consciente qu'il s'agit d'un choix. Si je le souhaite, je peux en tout temps mettre fin à une période de solitude en contactant un ami, ma mère, et puis j’ai le plaisir d’accueillir mon mari qui revient du travail à la fin de chaque journée.

En revenant de ma sortie, j’ai pensé à des gens que je connais qui n’ont pas ma chance, et dont l’isolement nuit à leur bien-être. J’ai ressenti de la compassion pour eux. Je suis reconnaissante d'être entourée de gens que j’apprécie.

mercredi 10 octobre 2012

Commitment

I've been struggling with my painting. I feel like I'm all over the place. I got excited and worked on two large paintings that I can't resolve at this moment. I've decided that I will go back to the two formats I've set out to do at the start of my project and develop some ideas before working on larger formats. I came upon a quotation that a friend gave me some time ago:

"When you're interested in something, you do it when it's convenient. When you're commited to something, you accept no excuses, only results".

I know that my work will come together at some point. I just have to work through it. The creative mind is strange and wonderful. It isn't anything you can enforce. I believe you don't even go looking for it. In a sense, it finds you at a moment that you're least to be looking for it.

mardi 9 octobre 2012

Les enfants


Les enfants

 « Nos enfants nous sont prêtés. » affirmait ma grand-mère. Je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Aujourd’hui, c’est clair. Nous tâchons de leur transmettre ce que nous considérons être nos plus belles valeurs, souhaitant qu’ils choisissent la route que nous leur traçons. Il s’avère qu’il s’agit de nos rêves et de nos choix. Nos enfants sont, comme nous, des enfants de Dieu. Leur parcours nous est inconnu et, dès qu’ils deviennent adultes, notre amour demeure tout ce que nous sommes en mesure de leur offrir. Vivre et laisser vivre. Pour ce qui est du reste, ils devront l’apprendre d’eux-mêmes, à tâtons, en joie et en souffrance, sachant que nous serons là pour les épauler ou les consoler, pour ensuite les encourager à repartir et essayer à nouveau, un jour à la fois.     

lundi 8 octobre 2012

Le ménage


Le ménage

La maison de ma grand-mère était immaculée. On pouvait y manger sur le plancher disait ma mère. « On est pauvre pis on a souvent de la misère, disait ma grand-mère, mais c’est propre pis on mange ben ». Et son repassage, impeccable; elle repassait jusqu’aux sous-vêtements! Je ne lui arrive pas à la cheville en ce qui a trait au ménage et je ne repasse presque jamais. Pour éviter que les vêtements soient froissés, je les sors immédiatement de la sécheuse dès qu’elle s’arrête.

Je dois pourtant admettre que j’ai reçu une part de cet héritage. Je ne peux supporter le désordre et le chaos. La seule chose qui nous distingue ma grand-mère et moi, c’est qu’elle faisait du ménage une carrière avec beaucoup d’heures supplémentaires et très peu de pauses. Moi, je fais mon petit ménage le samedi matin, mais les grosses affaires, je les fais quand je suis stressée ou anxieuse. Lorsque se présente une situation préoccupante, je me transforme en cyclone et je fais la tournée de la maison, amassant tout sur mon passage. Quand Marc et les enfants n’arrivaient pas à trouver quelque chose, ils étaient toujours persuadés que c’était moi la coupable et que j’avais dû m’en débarrasser lors de ma grande tournée.

Je me suis tout de même calmée avec le temps. À force de me répéter que je dois accepter les choses que je ne peux changer, j’ai fini par en comprendre la sagesse. Je suis reconnaissante (et Marc aussi) d’en être au point où je peux, dans un moment de tension, prendre une bonne marche en respirant profondément, faire de la méditation, et surtout, fixer mon attention sur le moment présent et en apprécier toute la splendeur. 

dimanche 7 octobre 2012

Le noir & blanc


Mes premières ébauches artistiques, particulièrement en estampe, ont été en noir & blanc. Je me suis longtemps inspirée des œuvres graphiques de Remblandt, Daumier, Kollwitz et bien d’autres. Le noir & blanc répond, encore aujourd’hui, à mon besoin d’exprimer de manière viscérale ce qui m’habite. Je n’établis jamais d’avance quelles seront les teintes de ma palette, mais naturellement mes sélections portent vers le noir et quelques couleurs de terre : ombre brûlée, sépia, rouge indien. Le noir est porteur de mystère, et la lumière se fait présente grâce à l'obscurité. Le noir & blanc laisse de côté les artifices pour s’en tenir à l’essentiel, au minimum, à ce qui porte à la réflexion, au recueillement. Le noir & blanc ça ne ment pas et, ne nous le cachons pas, le cancer ce n’est pas rose.    

samedi 6 octobre 2012

La séduction


Je n’ai pas écrit depuis plusieurs jours. Ce n’est pourtant pas les idées qui manquent. Je sens bien les jours et les semaines qui filent à toute allure, et je sais aussi ce qui s’en vient : le second traitement dans un peu plus d’une semaine. Je me suis donnée comme projet de créer une œuvre, de 5 x 5 pouces ou 15 x 15 pouces, chaque jour. Depuis mon premier traitement, et ce malgré la fatigue et les nausées initiales, je suis en pleine effervescence créative. Les modifications apportées à mes activités quotidiennes, notamment la méditation et le yoga, ont un impact profond sur ma sensibilité.  Le silence, la contemplation et les lectures connexes ont fait porte ouverte à une dimension spirituelle qui fait appel à l’intuition servant de tremplin à ma créativité. Chaque œuvre est créée spontanément et sert de point de départ pour la suivante.

J’ai été tellement emportée par mon projet qu’il y a trois jours, je me suis lancée dans la création d’une première toile de 2 x 3 pieds, séduite par l’idée d’exprimer la grandeur de ce qui m’habitait. Je désirais profiter de chaque instant de mon énergie retrouvée. Et j’en ai profité grandement! Le lendemain, j’en ai créée une autre de même format, mais après y avoir travaillé pendant toute une journée, le résultat ne me satisfaisait pas, alors j’ai tout recouvert et recommencé, puis recouvert et recommencé à nouveau. Et ce n’est pas terminé. Maintenant, je souhaite également apporter des modifications à la première…  Ainsi va la création. Je procède encore à tâtons, je cherche un fil, une écriture, une manière d’exprimer ce qui m’habite. J’explore différentes possibilités, et le résultat ne réponds pas à mes exigences, mais j’ai le feu de la création, et là est bien ma place. Je me rends compte à quel point l’art m’a manqué. Il est aussi devenu évident que la création est une composante fondamentale à mon bien-être, à mon équilibre même, alors voilà où j’ai eu la tête dernièrement, et il en sera ainsi lors des prochains jours. Toutefois, je serai plus au ralenti vers la fin de la semaine, car je dois être en forme pour prendre le second traitement. Je triche un peu. Je sais bien, ce n’était pas prévu, mais ça valait le coup et puis je reviens bientôt à mes petits formats et à mon blogue quotidien, la tête pleine de teintes, de formes et de nouvelles idées; tout ce qu’il faut pour arriver à vaincre la prochaine étape de ce cancer qui a déjà, assurément, perdu quelques plumes.

mercredi 3 octobre 2012

Diaporama / Slideshow

Je réalise une oeuvre par jour depuis le début de mes traitements (sauf la fin de semaine).  Il s'agit de mon JournArt de bord. Je ne peux vous dire à quel point cela me comble. Aussi étrange que cela puisse paraître, il y a très longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien. Il vous est possible de visionner ces oeuvres dans l'encadré à droite de ce texte.  Si vous cliquez sur l'oeuvre, vous pourrez voir toutes les peintures dans un plus grand format. Toutes ces images vous sont présentées en noir et blanc; je conserve la surprise des couleurs pour l'exposition qui prendra place, je l'espère, l'an prochain.

I have been creating one image every day beginning with my first treatment (except weekends).  I cannot express in words how fulfilling this creative experience has been  and I must say that I haven't felt this much alive in a very long time.  You can view these paintings at the right of this text.  If you click on the artwork, you will  see each one in a larger format.  The images are presented in black and white; the color originals will be shown in an exhibition that will likely take place next year.

mardi 2 octobre 2012

Se servir de l'inévitable

Lyne avait laissé une pensée près de de l'ordinateur.

"Happiness doesn't depend on who you are and what you have; it depends solely upon what you think"

Le bonheur ne repose pas sur qui tu es ou ce que tu possèdes, il repose entièrement sur ce que tu penses.

C'est une pensée de Dale Carnegie.  J'étais intrigué de savoir quel type d'homme avait bien pu écrire cette pensée et dans quel contexte.  Dale Carnegie est un conférencier devenu célèbre parce qu'il est l'auteur du livre Comment se faire des amis, traduction française du Best Seller How to win friends and influence people qui s'est vendu à plus de 4 millions d'exemplaires.

J'ai lu qu'une autre de ses célèbres citations était Cooperate with the inevitable. Ça m'a fait penser à tous ces traitements qui vise à faire disparaître le cancer. Je jongle depuis plus d'une heure avec cette pensée et je ne parviens pas à voir comment on peut coopérer avec le cancer.  L'image qui me vient, c'est plutôt celle de quelqu'un qui pratique le Aikido.  Pour se défendre, il utilise la force de l'autre pour le renverser ou le maîtriser; l'idée n'est pas de vaincre l'adversaire, mais plutôt de réduire à néant ses tentatives d'agression. 


C'est un peu ce que Lyne fait présentement, elle se sert du cancer afin de renverser les éléments de sa vie qui nuisaient à sa santé. Prendre soin de soi, éliminer au maximum les situations de stress, bien s'alimenter, et rétablir les priorités, la plus importante étant la présence de la création dans son quotidien.  Je suis revenu du travail hier; elle m'attendait avec un sourire et une certaine sérénité planait dans son atelier. Elle venait de compléter deux peintures. Personne ne devrait attendre d'avoir un cancer pour, enfin, faire certains choix qui donnent vie. 

dimanche 30 septembre 2012

Marche pour le cancer


Marche CIBC pour le cancer,

Aujourd’hui, j’ai participé à la marche CIBC de 5 km pour le cancer du sein, accompagnée de Marc, Léah, Jani et Alain ainsi que d’autres de l’équipe Iviangitsiat (de beaux seins) de Kativik, à laquelle nous nous sommes joints. C’était très émouvant de voir autant de femmes, hommes et enfants marchant pour soutenir un des leurs et plus encore, je crois, de faire partie de celles qu’on soutenait. Je me disais que suivant le rétablissement, ce serait un beau défi de courir le trajet. J’y arriverai! 

Today, Marc, Leah, Jani, Alain and myself participated in the CIBC 5 km walk for cancer, joining the Kativik team Iviangitsiat (beautiful breasts). It was quite moving to see so many women, men and children walking to support family members and friends, and even more so, I believe, to be among the many women being supported. I thought it would feel like a great accomplishment to actually run the route after recovery. Something to look forward to!

For more pictures. Pour plus de photos: https://skydrive.live.com/?cid=905092b5ace1602a&id=905092B5ACE1602A%211103&Bsrc=Photomail&Bpub=SDX.Photos&sff=1#cid=905092B5ACE1602A&id=905092B5ACE1602A%211092




samedi 29 septembre 2012

Coconut Bliss


On sait que le sucre est le pire ennemi du cancer. Toutefois, il existe certains substituts intéressants, dont le sirop d’agave qui est un extrait de la sève d’un cactus. Il a un goût délicieux qui s’apparente à celui d’un miel clair, mais un index glycémique trois à quatre fois inférieur à celui-ci.

J’ai découvert aujourd’hui la crème glacée extraordinaire « Coconut Bliss » qui ne contient aucun produit laitier, ni soya, ni sucre. Elle est composée de deux aliments épatants, le lait de coco et le sirop d’agave. C’est un WOW à coup sûr ! À trouver dans les magasins d’aliments naturels. 

vendredi 28 septembre 2012

What can I do?

Lyne started her treatment this week and even though we went through a lot of reading about the different aspects of cancer, I feel as if I was missing something, there must be something else that I should know or do to help, to relieve some stress, to make her life easier. I feel the same way as if she was pregnant, everything is happening inside her and she is the only one who can feel it.

This morning I found this text: What can a husband do to support his wife through breast cancer? http://www.quora.com/What-can-a-husband-do-to-support-his-wife-through-breast-cancer
I read it and felt better.

What reassures me is that Lyne talks and says how she feels. I am grateful for that. We talk and share ideas on how we can help her body go through this journey, nutrition wise but also stress wise, a way of life that would more respect who she is and her needs. When we do, I really feel part of this voyage with her.

I will follow Jennifer Moore Ballentine's advise :"What any husband can do to support his wife through cancer is to just be her husband. Love, cherish, honor, protect, entertain, stimulate, comfort, help, and share. Just more of it."


VOUS TROUVEREZ LA VERSION FRANÇAISE DE CE BLOG SUR http://leprecieuxdelavie.blogspot.ca/


 

jeudi 27 septembre 2012

Mya

La pharmacienne en oncologie m'a avisée qu'il y avait une possibilité que je souffre d'insomnie causée par les médicaments. Alors voilà, je n'ai pas dormi de la nuit. Ce qui peut nous passer par la tête pendant toute une nuit : J'ai peint au moins quatre toiles magnifiques, écrit quelques blogues, préparé une exposition, créé quelques recettes, mais les plus belles pensées étaient réservées pour Mia. J'adore les enfants de Malika. Elles sont de petits miracles qui ont pris place dans nos vies comme des chatons enjoués qui s'excitent dès qu'ils nous voient et viennent se blottir contre nous pour nous charmer davantage. J'aime la sensibilité de Zoé et la facilité avec laquelle elle s'exprime à propos de tout et de rien, jouant et riant avec les mots, mais j'ai un tout petit faible pour Mya. Elle est sérieuse, elle semble réfléchie, même à deux ans, mais lorsque lui prend l'envie de faire des folies, elle se lance et fonce d'un pas encore fragile, mais pourtant décidé. Un simple regard de Mya me fait fondre le coeur. J'ai une photo d'elle suçant ses deux doigts et me regardant de son air rieur, posée sur la commode de ma chambre. Je la regarde souvent. Longtemps, il y en a eu une sur une tablette de l'armoire de cuisine, où elle pose comme une starlette avec sa moue moqueuse. C'est moi qu'elle regarde, je le jure. Mya et moi, on se fait du bien. Je suis reconnaissante d'avoir ce lien avec ma petite fille et je compte bien le nourrir. C'est ça le grand amour.

mercredi 26 septembre 2012

L'art comme thérapie


Le premier jour de chimiothérapie s'est soldé par une nausée qui a débuté après le dîner et qui a duré jusque vers huit heures. C'est à ce moment que le miracle s'est produit. Pinceau en main, papier & peinture prêts, j'ai pris le temps de créer une oeuvre. 

Au tout début de ce processus, alors que je patientais dans une des salles d’attente du Royal Vic, je suis tombée sur une publicité pour des sessions d’art thérapie offertes aux patients souffrants du cancer. Je n’allais pas me rendre à l’hôpital pour ces séances, mais je décidai que ce serait l’occasion de me remettre à peindre. Cette idée a germé en moi pendant ces quelques mois et voici le projet :

Une fois par jour, je devrai créer une œuvre qui fera partie d’un journal de bord de cette expérience, au jour le jour, avec le cancer. J’ai d’abord préparé 21 feuilles de 15 x 15 po équivalant à un des cycles de trois semaines de chimiothérapie. Ensuite, j’ai cru sage de préparer plusieurs autres feuilles de 5 x 5 po, pour les journées plus difficiles.

Hier, j’ai produit une petite œuvre, et c’est à ce moment que mes nausées ont cessé.

Je suis reconnaissante du pouvoir bienfaisant que l’art a sur moi, en tout temps, mais particulièrement maintenant alors qu’il me permet d’exprimer directement et spontanément les émotions qui font surface quotidiennement.

J’ai très bien dormi, et je me sens beaucoup mieux aujourd’hui.



  



mardi 25 septembre 2012

Le rire


Ça y est, c'est fait!! La glace est brisée. Tout s'est très bien passé, mais je suis épuisée, pas à cause du traitement, mais parce que j'ai très mal dormi hier soir. Je souhaite considérer cette expérience de ma vie comme l'occasion de faire le point, de voir ce que je peux améliorer dans ma vie, au quotidien. Toutefois, il est important de reconnaître et d'exprimer mes craintes. La peur de l'inconnu était présente depuis le tout début. Il me semble me souvenir d'histoires de chimiothérapie plutôt horribles. 

Mon Marc m'a accompagnée. J'étais plutôt sérieuse dans la voiture. Tout à coup, il se met à me parler de l'étudiante qui est entrée dans son bureau hier en s'excusant tout d'abord de sa difficulté à s'exprimer en raison du nouveau piercing sur le bout de sa langue qu’elle s'était fait faire la veille. Il se met donc à l’imiter, en exagérant l’entretien  entre eux. J’ai tellement ri! Et bien sûr, lorsque Marc a un bon public, il en ajoute. C’était tordant. Tout de suite après, je me sentais détendue.

Je m’imaginais le pire … (Une pause dans le blog est présentement nécessaire)

Oups, on ne rit plus.  Je prends la relève. Lyne est étendue et a la nausée, une nausée extrême style gastro. Il semble que les effets secondaires commencent à se faire sentir. 

Pour faire une longue histoire courte (puisque je dois faire à souper dans les prochaines minutes), le traitement de ce matin s'est bien déroulé.  Bien loin de tout ce que Lyne avait pu imaginer.  Les infirmières (Albertine et Anna) étaient toutes deux très gentilles, parlaient avec calme et rassuraient à la moindre inquiétude.  Julie la pharmacienne est ensuite venue nous entretenir des médicaments et des effets secondaires, mais aussi des moyens pour en diminuer les effets désagréables.

Ce sera un jour à la fois.

A short resume in English: For the last few days, Lyne had a hard time sleeping, anxious about what was coming and also the worst that could come too.  After a good laugh in the car, we arrived at Royal Victoria Hospital and met very nice and reassuring nurses.  Everything went well with during the treatment, we also met the pharmacist that explained all side effects and how to prevent most of them. Outside, we went for a nice walk, enjoying the afternoon sun.

Righ now, Lyne is lying on the sofa, side effects arrived while she was writing the blog and she is feeling very nauseous.  It will be one day at the time.

lundi 24 septembre 2012

Marcher pour la recherche

Dimanche prochain, le 29 septembre, aura lieu  la Course à la vie de la Fondation canadienne du cancer du sein.  Lyne, Léah et moi y prendrons part avec des amis qui s'y retrouvent depuis plusieurs années. Pour que, par la recherche, un moyen de contrer cette maladie soit éventuellement trouvé, des fonds sont nécessaires.

Voici un lien pour commaditer Lyne: http://www.runforthecure.com/goto/lynemeditatio

Je ne vous jure pas qu'elle va courir les 5 km, mais je serai à ses côtés pour les marcher.

Merci de votre générosité!


dimanche 23 septembre 2012

Choisir une alimentation anti cancer


J’ai lu, comme je le fais avec grand plaisir, la chronique de Pierre Foglia intitulée Bio dans La Presse de samedi. Il y parle de gens qu’il a rencontrés et qui se déplacent pour faire provision de produits  bio. Quelques-uns de nos amis prennent plaisir à recevoir, ainsi, leur panier de légumes biologiques apporté à un point de chute par leur « fermier de famille ».  Ces agriculteurs biologiques sont une centaine au Québec à faire pousser des légumes biologiques qu’ils apportent en ville le même jour, toutes les semaines. Marc m’en parle depuis des années, et la plus importante de toutes mes excuses a toujours été que je n’avais pas envie qu’on se tape une responsabilité hebdomadaire de plus. Je suis tannée de courir, lui ai-je souvent répété. De plus, je n’ai pas le goût de manger du chou pis des carottes pendant des mois, même s’ils sont apprêtés de mille et une façons.

Ma fille Léah est végétarienne. Il y a quelques mois, elle m’a fait voir le documentaire Food Inc. que j’ai trouvé choquant, mais cela ne m’a pas empêchée de continuer à acheter et de consommer ma viande chez Maxi, parce que c’est à deux pas de chez moi, et c’est moins cher. C’était avant d’apprendre que j’avais un cancer du sein. Il n’y a aucun antécédent dans ma famille. Je suis la première, et je ne serai sans doute pas la dernière. Il est prévu qu’en 2017, 50 % de la population en Amérique souffrira d’un cancer. Plusieurs études ont démontré la progression simultanée de la consommation massive de graisses oméga-6 qui a déséquilibré notre organisme, de l’obésité et du syndrome inflammatoire sous-jacent y étant associé, et du cancer. Ce n’est pas tant ce qu’on mange qui pose un problème, mais la nature de ce qu’on mange. Dans son livre Anticancer, David Servan-Schreiber nous parle de la malbouffe des vaches et des poules. Voici ce qu’il en dit :

Dans le cycle de la nature, les vaches mettent bas au printemps, au moment où l’herbe est la plus grasse, et font du lait pendant plusieurs mois, jusqu’à la fin de l’été. L’herbe du printemps est une source particulièrement riche en acides oméga-3, qui se trouvent dans le lait des vaches élevées en pâturage, et par conséquent dans tous ses dérivés, beurre, crème, yogourt, fromage. Les oméga-3 de l’herbe se retrouvent également dans la viande du bœuf qui s’en nourrit, et dans les œufs des poules élevées en liberté et nourries au fourrage plutôt qu’au grain. À partir de 1950, la demande pour les produits laitiers et la viande a tellement augmenté que les éleveurs ont dû contourner la contrainte du cycle naturel de production du lait et réduire l’espace d’herbage nécessaire pour nourrir un bovin de 750 kg. Les pâturages ont été abandonnés au profit de l’élevage en batterie. Le mais, le soya et le blé, qui constituent désormais l’alimentation principale des bêtes, ne contiennent quasiment pas d’oméga-3 et sont en revanche très riches en oméga-6. Si les bêtes mangent de l’herbe, alors la viande, le lait et les œufs qu’elles nous offrent sont parfaitement équilibrés en oméga-3 et oméga-6 (un équilibre proche de 1/1).  Si elles mangent du maïs et du soya, le déséquilibre dans notre organisme atteint les taux actuels, soit 1/15, voire 1/40 chez certains d’entre nous.

C’est quoi le problème ? Une quantité surélevée d’oméga-6 dans notre alimentation facilite le stockage des graisses, la rigidité des cellules, la coagulation et les réponses inflammatoires qui favorisent et même accélèrent la croissance de nombreuses tumeurs cancéreuses.

Il  m’a fallu un cancer pour soudainement m’intéresser à tout ça. Je ne peux enrayer la maladie sans l’aide de la médecine moderne, mais je peux profiter du pouvoir de guérison de la nature en suivant les recommandations de chercheurs qui ont démontré par de nombreuses études qu’il m’est possible de limiter la croissance des cellules cancéreuses en adoptant de saines habitudes alimentaires, entre autres. J’ai longtemps cru que l’alimentation biologique était soit le trip d’une pognée de granoles ou une mode passagère des biens nantis. Depuis peu, mon compagnon de vie et moi avons adopté un régime presque exclusivement végétarien. Nous évitons les produits raffinés comme le sucre et la farine blanche et limitons notre consommation de viande rouge ou de volaille à une fois par semaine. Je préfère acheter ces produits d’un point de vente offrant la garantie que la ferme d’où ils proviennent nourrit ses animaux au fourrage seulement et non au grain. - Il n’est pas garanti, même dans l’agriculture biologique, que les poulets, pour lesquels il y a une demande incroyable, ne sont pas nourris au maïs et au soya.

S’il est vrai que les viandes et la volaille biologiques sont plus dispendieuses, le coût est largement récupéré par une alimentation végétarienne composée principalement de légumineuses, qui sont très économiques, ainsi que de fruits et légumes. Nous prenons aujourd’hui un réel plaisir à préparer nos repas ainsi qu’à manger des plats savoureux incluant, entre autres, curcuma, poivre, gingembre, thé vert, petits fruits, choux, brocolis et autres crucifères, qui contribuent à notre mieux-être.  

samedi 22 septembre 2012

Mon armée


J’ai appris vendredi que je commence les traitements de chimiothérapie mardi matin. J’avoue être un peu nerveuse. Depuis hier matin, surtout, je me sens comme lorsque je me préparais à accoucher. Je fais le ménage, la lessive, les courses, car je crains de n’avoir ni le temps, ni l’énergie à compter de mardi. Je sais que la chimio zappera mon énergie, mais j’espère que ce ne sera que quelques jours au début de chaque traitement, et que je pourrai entreprendre mes activités le plus normalement possible. J’ai parlé de mes craintes au sujet des traitements à une amie qui a survécu au cancer du sein il y a des lunes, et j’aime bien la description qu’elle m’en a faite : la chimio, c’est ton armée qui combat le cancer, et toi, ton travail consiste à appuyer tes soldats par le biais de la nourriture, l’exercice et  le repos.

Je compte sur vous tous pour m’envoyer de bonnes pensées m’apportant du courage mardi matin, 8 h 15.

jeudi 20 septembre 2012

La croix et le coeur


Dans l’autobus qui me menait à l’Université d’Athabasca afin de faire face à un examen d’histoire du Canada, le dernier examen afin d’obtenir mon baccalauréat, je me suis mis à lire ma petite Bible que je trainais sur moi, une vieille Bible de 1904 que j’avais achetée dans une « vente de feu »  ̶ C’était effectivement des livres qui avaient survécu au feu survenu dans une bibliothèque d’un bâtiment appartenant aux Frères de Saint-Jean à Edmonton. Je devais avoir 24 ans et, malgré le fait que j’avais été élevé dans la foi chrétienne et que je savais par cœur chacune des paroles que le prêtre lisait le dimanche, ma foi était plutôt chancelante. Lorsque la vie ne met sur notre chemin que des roses, étrangement, après quelque temps, l’on se croit à l’abri de tout, l’on se sent invincible.  Ce jour-là, la Bible avait pris place dans mes bagages parce qu’une crainte énorme m’habitait, je voulais en terminer avec l’université, je ne pouvais réussir cet examen seul.  J’avais besoin d’aide.  J’ai sorti la Bible et l’ai posée sur mes genoux.  Je me sentais comme quelqu’un qui se prépare à essayer un nouveau shampoing dont on a longtemps vanté les mérites. Puis, à mesure que je lisais, une paix profonde s’est installée, je prenais plaisir à lire et… je suis tombé sur : « Remets tes affaires à l’Éternel, et tes desseins seront affermis. » Proverbes 16 :3-4  C’était un signe. Pas de doute.  Pourquoi ais-je douté?  Ce n’est pas parce que je ne Lui fais de place dans ma tête que Lui (ou ELLE) n’est pas dans ma vie.

Au fil des ans, ma foi a fait de la haute voltige; elle s’est étiolée alors que nos jeunes traversaient les vagues gigantesques de l’adolescence pour retrouver, plus récemment, une certaine sérénité. Le temps me raconte des histoires d’un  Petit prince qui apprivoise un renard et j’ai, moi, le goût de croire que la vie nous porte dans ses mains et me laisse apprivoiser par le souffle de Dieu qui apaise la douleur. 

Depuis quelques semaines, chaque soir, je prends de l’huile dans une petite bouteille sur ma table de chevet.  Cette huile a été donnée à Lyne par une de ses amies qui s’oignait de celle-ci à l’endroit précis où la maladie sévissait  ̶  ais-je besoin de mentionner que ses maux sont disparus et qu’elle est bien portante? ̶   Mon doigt touche à peine la surface du liquide, une toute petite goutte y apparaît. Je m’approche de Lyne, l’embrasse, dépose un baiser sur son sein droit, puis sur son sein gauche et viens dessiner, tout doucement, à l’endroit où se trouve la tumeur, une croix et par-dessus un cœur.  C’est ainsi, après avoir dit à Lyne que sa tumeur est vraiment plus petite que la veille, que chaque soir l’on s’endort.

L’amour et la foi sont les deux aliments anti cancer qui nourrissent l’âme humaine.

Marc