jeudi 20 septembre 2012

La croix et le coeur


Dans l’autobus qui me menait à l’Université d’Athabasca afin de faire face à un examen d’histoire du Canada, le dernier examen afin d’obtenir mon baccalauréat, je me suis mis à lire ma petite Bible que je trainais sur moi, une vieille Bible de 1904 que j’avais achetée dans une « vente de feu »  ̶ C’était effectivement des livres qui avaient survécu au feu survenu dans une bibliothèque d’un bâtiment appartenant aux Frères de Saint-Jean à Edmonton. Je devais avoir 24 ans et, malgré le fait que j’avais été élevé dans la foi chrétienne et que je savais par cœur chacune des paroles que le prêtre lisait le dimanche, ma foi était plutôt chancelante. Lorsque la vie ne met sur notre chemin que des roses, étrangement, après quelque temps, l’on se croit à l’abri de tout, l’on se sent invincible.  Ce jour-là, la Bible avait pris place dans mes bagages parce qu’une crainte énorme m’habitait, je voulais en terminer avec l’université, je ne pouvais réussir cet examen seul.  J’avais besoin d’aide.  J’ai sorti la Bible et l’ai posée sur mes genoux.  Je me sentais comme quelqu’un qui se prépare à essayer un nouveau shampoing dont on a longtemps vanté les mérites. Puis, à mesure que je lisais, une paix profonde s’est installée, je prenais plaisir à lire et… je suis tombé sur : « Remets tes affaires à l’Éternel, et tes desseins seront affermis. » Proverbes 16 :3-4  C’était un signe. Pas de doute.  Pourquoi ais-je douté?  Ce n’est pas parce que je ne Lui fais de place dans ma tête que Lui (ou ELLE) n’est pas dans ma vie.

Au fil des ans, ma foi a fait de la haute voltige; elle s’est étiolée alors que nos jeunes traversaient les vagues gigantesques de l’adolescence pour retrouver, plus récemment, une certaine sérénité. Le temps me raconte des histoires d’un  Petit prince qui apprivoise un renard et j’ai, moi, le goût de croire que la vie nous porte dans ses mains et me laisse apprivoiser par le souffle de Dieu qui apaise la douleur. 

Depuis quelques semaines, chaque soir, je prends de l’huile dans une petite bouteille sur ma table de chevet.  Cette huile a été donnée à Lyne par une de ses amies qui s’oignait de celle-ci à l’endroit précis où la maladie sévissait  ̶  ais-je besoin de mentionner que ses maux sont disparus et qu’elle est bien portante? ̶   Mon doigt touche à peine la surface du liquide, une toute petite goutte y apparaît. Je m’approche de Lyne, l’embrasse, dépose un baiser sur son sein droit, puis sur son sein gauche et viens dessiner, tout doucement, à l’endroit où se trouve la tumeur, une croix et par-dessus un cœur.  C’est ainsi, après avoir dit à Lyne que sa tumeur est vraiment plus petite que la veille, que chaque soir l’on s’endort.

L’amour et la foi sont les deux aliments anti cancer qui nourrissent l’âme humaine.

Marc



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