mercredi 31 octobre 2012

La reconnaissance


Je remercie Dieu, la terre et le ciel pour mon conjoint. Je suis reconnaissante pour son soutien continu. Je suis comblée par sa présence, sa sensibilité qui s’infiltre dans toutes nos conversations et bien sûr ses repas succulents!  

Je suis reconnaissante envers les amis qui sont présents et me soutiennent de mille manières. Je me sens aimée et appréciée.

Je suis reconnaissante d’avoir la possibilité, tous les jours, de m’exprimer par l’art. Chaque moment où je peins est un moment divin me permettant de me détacher du quotidien et des tracas qui ont autrement la possibilité de s’installer et de croître.

Je suis reconnaissante d’habiter un coin de la métropole où j’ai la possibilité, à tout moment, de marcher au bord du lac. Chaque saison, je peux contempler la nature dans tous ses états et dans toute sa splendeur.

Je suis reconnaissante pour le silence qui m’entoure et m’assure le repos dont j’ai besoin.

Je suis reconnaissante pour ma cafetière qui me permet de savourer un bon café au lait.

jeudi 25 octobre 2012

Accepter


“Acceptance is the answer to ALL of my problems today. When I am disturbed, it is because I find some person, place, thing or situation- some fact of my life- unacceptable to me, and I can find no serenity until I accept that person, place, thing, or situation as being exactly the way it is supposed to be at this moment. Nothing, absolutely nothing, happens in God's world by mistake. […] unless I accept my life completely on life's terms, I cannot be happy. I need to concentrate not so much on what needs to be changed in the world as on what needs to be changed in me and in my attitudes.”

Ma seconde session de chimiothérapie a eu lieu mardi dernier. Je prenais pour acquis que tout se passerait tel que la première fois, et que je poursuivrais toutes mes activités exactement comme je l’entendais, mais ce ne fut pas le cas. Il y a bien eu les nausées la première journée, et pendant les trois jours suivants, la surexcitation. Je me réveillais dès    4 h et je roulais sans arrêt jusqu’au soir.  Les somnifères prescrits n’aidant pas, vendredi, j’étais complètement épuisée, puis dimanche, abattue et déprimée.   

En examinant bien la liste de mes médicaments lundi après-midi, mon médecin constata que la quantité de cortisone présente dans mon protocole de chimiothérapie et des médicaments pris pendant les trois jours suivants étaient suffisants pour causer une grande euphorie, suivi par un des effets secondaires, la dépression. De plus, le relaxant musculaire que je prenais le soir contient, comme le somnifère prescrit, des doses combinées de cortisone suffisantes pour causer des cauchemars et entraver le sommeil. La médication a été ajustée, et j’ai lentement remonté la pente pour enfin me sentir moi-même hier. Il s’est passé une semaine depuis le second traitement.

Quelle leçon! J’ai compris qu’avec ce cancer et les traitements aux deux semaines qui s’ensuivent, je ne peux rien prévoir, si ce n’est qu’au fil du temps, je me sentirai progressivement plus fatiguée. S’il y a bien un moment de ma vie ou je dois apprendre à vivre un jour à la fois, c’est maintenant. Christian Bobin a écrit : « La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin au réveil. » C’est ainsi que je souhaite vivre. Accepter l’état dans lequel je me trouve chaque journée qui se présente à moi, et savoir apprécier  les moments où je n’ai pas l’énergie pour peindre, bloguer, marcher, comme étant des occasions de repos, de régénérescence, de recueillement. Ne rien faire. Ce sera sans doute mon plus grand défi.


jeudi 18 octobre 2012

Tu es belle

Depuis ce jour où je t’ai rencontrée, ce jour de juin dans le jardin de nos amis, j’ai su que tu étais belle. Tu avais cette présence pleine d’assurance, ce regard qui parlait de vérité; tu portais en toi un désir de vivre intensément, tes mots s’allongeait en moi comme le font les paroles qui ressourcent et…ce parfum que tu portais, celui de tes sourires qui ne cessait de se répandre en moi.  Ton allure, ta démarche, ce plaisir qui t’habitait, tes cheveux courts qui m’offraient le plaisir de découvrir ta nuque, tu transpirais le « bon », tu portais les traces d’un bonheur prêt à être cueilli.
Il y a près d’une semaine, lorsque je coupais tes cheveux et découvrais la peau que tu cachais dessous, lorsque mes mains ont caressé ton crâne tout lisse, j’ai à nouveau réalisé que ta beauté dépassait ces milliers de cheveux qui pouvaient recouvrir ta tête.  Avec ou sans cheveux, TU ES BELLE, tu rayonnes, tu combles mes jours d’un bonheur aux couleurs d’automne. 
QUE JE T’AIME!

Notre pain quotidien


Depuis la nouvelle de ce cancer qui m’habite, nous portons attention à toutes lectures recommandées qui seraient susceptibles de nous aider à mieux m’alimenter. Un des facteurs importants de tous les cancers est l’inflammation, et il a été prouvé à maintes reprises que certains aliments tels que le sucre et la farine blanche créent de l’inflammation dans le corps.

Il y a belle lurette que la farine blanche ne fait plus partie de notre garde-manger, mais je doutais souvent des bénéfices du blé entier que l’on retrouve dans de multiples aliments en plus du pain. Récemment, Sylvain et Sylvia, mon beau-frère et ma belle-sœur, nous ont prêté un robot boulanger qu’ils n’utilisaient plus. Nous avons donc pris plaisir à préparer plusieurs bons pains, mais je trouvais toujours le goût du blé trop dominant, et le pain trop lourd. Et bien voilà que mon amie Lise, tisserande et cuisinière extraordinaire, m’a prêté le livre de recettes et conseils « Cuisiner pour vaincre la douleur et l’inflammation chronique », de Jacqueline Lagacé.

Bingo! J’y ai trouvé de nombreuses recettes de pains, soit cuit au robot boulanger ou cuit au four traditionnel. Le livre contient des recettes de pains, muffins, crêpes, desserts, sans farine blanche ni blé entier. Nous avons déjà confectionné des pains de riz brun, millet et quinoa, tous délicieux et beaucoup plus léger et plus savoureux. Nous sommes reconnaissants pour toutes ces belles découvertes et en profitons pleinement tout en faisant attention de ne pas exagérer, car il serait facile de prendre du poids bien rapidement!

mercredi 17 octobre 2012

Un jour à la fois


Suivant la rédaction de mon blogue d'hier j'ai été prise de nausées incroyables qui m'ont accompagné jusqu'au coucher. Je tentais de m'occuper à des activités qui modifieraient mon état, je mangeais des petits craquelins secs, rien n'y faisait. Le soir venu, je me suis mise à la création d'une petite œuvre  et, bien que je sois contente d'avoir la discipline nécessaire me permettant d'y arriver et d'obtenir un résultat satisfaisant, je me sentais lourde. Il m'a été difficile de boire les deux litres d'eau prescrits, mais j'y suis arrivée. Le sommeil fait des merveilles et je me sens mieux aujourd'hui. Le docteur Bougamim m'a déconseillé les cours d'aquaforme à cause des bactéries qui se trouvent dans les piscines publiques, alors je ferai plus de marche et des exercices chez moi. Il me trouvait en bien bonne forme physique et morale. Ça m'encourageait.

Je suis reconnaissante d'avoir eu ce deuxième traitement. Avec l'appui de tous ceux qui m'entourent je poursuis, un jour à la fois

mardi 16 octobre 2012

Traitement numéro deux


Yéééé!! C’est fait. Nous nous étions couchés tôt hier et j’ai eu une bonne nuit de sommeil interrompue, bien que je sois toujours enrhumée. Je viens à peine de revenir à la maison suivant mon second traitement  et malgré un peu de nausée et une bonne fatigue, je tiens à informer des gens qui, je le sais, attendent de mes nouvelles. L’infirmière qui s’occupait de moi, Jocelyne, était particulièrement attentionnée. Au début, nous n’étions que deux patientes dans une petite salle de traitement ensoleillée, et elle a pris le temps de clarifier, pour Marc et moi, de nombreux détails au sujet du cancer du sein. Au bout d’un moment, la salle s’est remplie, alors nous sommes retournés à nos lectures.

Dans un livre emprunté de la bibliothèque du département d’oncologie, je trouvais réconfortant de lire de nombreux témoignages de femmes ayant vécu l’expérience d’un cancer du sein et de tous ses aspects. J’étais soulagée d’apprendre qu’il est fort commun d’avoir des pertes de mémoire à court terme, car cela m’inquiétait un peu. On nomme ce phénomène « chemo-brain » (le cerveau de chimio). J’ai fait lire ce passage du livre à Marc et il m’a dit qu’il comprenait bien, « tu ne dois pas te souvenir qu’on a fait l’amour comme des déchaînés hier soir. » L’infirmière et moi avons tant ri!

Je suis tellement reconnaissante pour le sens de l’humour extraordinaire de mon chum.

Je suis reconnaissante de l’amour dont mon mari fait preuve chaque jour depuis douze ans, pas seulement par ses mots, mais tous ses gestes.

Je suis reconnaissante pour l’équipe d’infirmières qui sont à nos petits soins. Je me sens toujours entre  bonnes mains au Royal Victoria et cela adoucit l’expérience.

Je suis reconnaissante pour tous mes amis, ma famille, mes collègues qui m’envoient de l’amour et de la compassion tous les jours.

Je suis reconnaissante d’avoir ce cancer maintenant, et pas avant, car la médecine progresse à un rythme incroyable et je suis persuadée que mon parcours sera plus aisé qu’il ne l’aurait été il y a seulement quelques années.

Je suis reconnaissante d’être vivante et d’avoir la foi.

Je suis reconnaissante de pouvoir tout de suite aller faire un petit dodo.




I am grateful for Marc's incredible sense of humour. 


I am grateful for the love we feel for each other even after 12 years. I feel it through every one of his gestures.
I am grateful to all the nurses at the Royal Vic. I always feel in good hands, and safe. It makes for a more gentle experience.
I am grateful for all my friends, family, and colleagues that inquire about me, who read my blog and write comments. I feel their love and support every day.
I am grateful for having this cancer now. Research is evolving at an incredible rate, and having cancer just a few years ago was more difficult.
I am grateful for being alive and for having faith. 
I am grateful for being able to nap when I need it, like right now.

dimanche 14 octobre 2012

Ma tête chauve : tout un défi



Mon titre a d’abord été « Défi tête rasée ». Et puis, il me semblait que cela ne m’appartenait pas. C’est pour les autres. Ceux dont on ne fera jamais partie. Les cancéreux pour qui on se rase les cheveux pour amasser des fonds. Le défi de la tête chauve, depuis hier, c’est mon défi personnel. Ces derniers jours, après ma douche, la baignoire se trouvait tapissée de mes cheveux courts. On aurait cru qu’un chat s’y était prélassé. Me voici à une autre étape : la perte de mes cheveux.

Marc et moi avions décidé de raser nos têtes complètement la semaine prochaine. Toutefois, je n’avais pas du tout envie de surveiller la perte de mes cheveux dans mon bain, sur mon oreiller, dans ma soupe, alors on a fait ça hier soir. Même si on s’y attend bien, c’est un moment émouvant. Marc est beau. Il a franchement l’aire d’un gars cool. Le chanceux, ça le rajeunit! Ça aura peut-être le même effet sur moi demain, où dans quelques jours, mais actuellement, je suis grippée, j’ai le nez qui coule et je ne me sens pas à mon meilleur. C’est réellement une sensation bizarre. J’explore ma tête et j’ai l’impression de tâter une masse étrange qui ne m’appartient pas. Je porte un chapeau dans la maison, car je sens les courants d’air. Je dois m’adapter à ma nouvelle tête, c’est un fait. Un retour au maquillage et aux boucles d’oreilles est prévu.

Ce rhume m’inquiète. Je rencontre mon oncologue lundi et j’aurai droit à la première prise de sang pour vérifier si mes globules blancs sont en quantités suffisantes pour que j’aie mon traitement mardi. Je serais déçue, mais bon, il faut s’y faire. Ce ne sera probablement remis que d’une semaine, le temps qu’on prenne soin de moi avec de la bonne soupe chaude... J'aurai peut-être le temps de réaliser une œuvre ou deux!

vendredi 12 octobre 2012

La patience


Je suis heureuse et fière de constater à quel point je suis une femme résiliente. Je porte en moi ce cancer. Toutefois, j’ai pris la décision, suivant la courte période où je me suis permis de verser un plein seau de larmes, que je ferais tout ce qu’il m’est possible de faire afin de ne pas me laisser abattre par la maladie. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai jamais été aussi heureuse et comblée.

Je fais de la méditation deux soirs par semaine, du yoga une fois, et je viens à peine de débuter les cours d’aquaforme de deux à trois fois semaine. À certains moments, j’avoue qu’il serait plus facile de laisser tomber une activité ou deux. Cependant, je ne me le permets pas, simplement parce que je sais que l’activité me fera du bien, et c’est toujours le cas. L’acupuncture aidant, mon niveau d’énergie est étonnamment élevé depuis deux semaines, et Dieu sait à quel point j’en ai profité.  

Depuis le début de mes traitements, je peins presque tous les jours. J’écrivais récemment que j’éprouvais des difficultés avec ma production, que je me sentais éparpillée, mais que j’étais consciente de devoir persister avec  engagement et la foi en ma démarche créative.  Et bien voilà. J’ai créé ces jours-ci  deux œuvres qui seront le fil conducteur de toute une série de peintures. Je me sens emballée.  Il fut un temps où ma patience se comparait à une allumette enflammée : il faut agir rapidement avant de se brûler. Je suis reconnaissante d’ainsi  prendre le temps.

I am so exactly where I need to be.

jeudi 11 octobre 2012

Être bien entourée


Aujourd'hui, j'ai eu le plaisir de dîner avec plusieurs de mes collègues de bureau. Je suis revenue à la maison joyeuse, mais surtout consciente de l'importance des liens qu'on établit avec les gens. Je suis bien entourée : il y a les membres de ma famille immédiate et celle de mon conjoint, de nombreux amis et collègues que j'estime beaucoup. 

Je suis une personne qui apprécie le silence et la solitude favorables à la réflexion et la création. Il m'est facile de passer de nombreuses journées chez moi sans radio, ni télévision, mais je suis consciente qu'il s'agit d'un choix. Si je le souhaite, je peux en tout temps mettre fin à une période de solitude en contactant un ami, ma mère, et puis j’ai le plaisir d’accueillir mon mari qui revient du travail à la fin de chaque journée.

En revenant de ma sortie, j’ai pensé à des gens que je connais qui n’ont pas ma chance, et dont l’isolement nuit à leur bien-être. J’ai ressenti de la compassion pour eux. Je suis reconnaissante d'être entourée de gens que j’apprécie.

mercredi 10 octobre 2012

Commitment

I've been struggling with my painting. I feel like I'm all over the place. I got excited and worked on two large paintings that I can't resolve at this moment. I've decided that I will go back to the two formats I've set out to do at the start of my project and develop some ideas before working on larger formats. I came upon a quotation that a friend gave me some time ago:

"When you're interested in something, you do it when it's convenient. When you're commited to something, you accept no excuses, only results".

I know that my work will come together at some point. I just have to work through it. The creative mind is strange and wonderful. It isn't anything you can enforce. I believe you don't even go looking for it. In a sense, it finds you at a moment that you're least to be looking for it.

mardi 9 octobre 2012

Les enfants


Les enfants

 « Nos enfants nous sont prêtés. » affirmait ma grand-mère. Je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Aujourd’hui, c’est clair. Nous tâchons de leur transmettre ce que nous considérons être nos plus belles valeurs, souhaitant qu’ils choisissent la route que nous leur traçons. Il s’avère qu’il s’agit de nos rêves et de nos choix. Nos enfants sont, comme nous, des enfants de Dieu. Leur parcours nous est inconnu et, dès qu’ils deviennent adultes, notre amour demeure tout ce que nous sommes en mesure de leur offrir. Vivre et laisser vivre. Pour ce qui est du reste, ils devront l’apprendre d’eux-mêmes, à tâtons, en joie et en souffrance, sachant que nous serons là pour les épauler ou les consoler, pour ensuite les encourager à repartir et essayer à nouveau, un jour à la fois.     

lundi 8 octobre 2012

Le ménage


Le ménage

La maison de ma grand-mère était immaculée. On pouvait y manger sur le plancher disait ma mère. « On est pauvre pis on a souvent de la misère, disait ma grand-mère, mais c’est propre pis on mange ben ». Et son repassage, impeccable; elle repassait jusqu’aux sous-vêtements! Je ne lui arrive pas à la cheville en ce qui a trait au ménage et je ne repasse presque jamais. Pour éviter que les vêtements soient froissés, je les sors immédiatement de la sécheuse dès qu’elle s’arrête.

Je dois pourtant admettre que j’ai reçu une part de cet héritage. Je ne peux supporter le désordre et le chaos. La seule chose qui nous distingue ma grand-mère et moi, c’est qu’elle faisait du ménage une carrière avec beaucoup d’heures supplémentaires et très peu de pauses. Moi, je fais mon petit ménage le samedi matin, mais les grosses affaires, je les fais quand je suis stressée ou anxieuse. Lorsque se présente une situation préoccupante, je me transforme en cyclone et je fais la tournée de la maison, amassant tout sur mon passage. Quand Marc et les enfants n’arrivaient pas à trouver quelque chose, ils étaient toujours persuadés que c’était moi la coupable et que j’avais dû m’en débarrasser lors de ma grande tournée.

Je me suis tout de même calmée avec le temps. À force de me répéter que je dois accepter les choses que je ne peux changer, j’ai fini par en comprendre la sagesse. Je suis reconnaissante (et Marc aussi) d’en être au point où je peux, dans un moment de tension, prendre une bonne marche en respirant profondément, faire de la méditation, et surtout, fixer mon attention sur le moment présent et en apprécier toute la splendeur. 

dimanche 7 octobre 2012

Le noir & blanc


Mes premières ébauches artistiques, particulièrement en estampe, ont été en noir & blanc. Je me suis longtemps inspirée des œuvres graphiques de Remblandt, Daumier, Kollwitz et bien d’autres. Le noir & blanc répond, encore aujourd’hui, à mon besoin d’exprimer de manière viscérale ce qui m’habite. Je n’établis jamais d’avance quelles seront les teintes de ma palette, mais naturellement mes sélections portent vers le noir et quelques couleurs de terre : ombre brûlée, sépia, rouge indien. Le noir est porteur de mystère, et la lumière se fait présente grâce à l'obscurité. Le noir & blanc laisse de côté les artifices pour s’en tenir à l’essentiel, au minimum, à ce qui porte à la réflexion, au recueillement. Le noir & blanc ça ne ment pas et, ne nous le cachons pas, le cancer ce n’est pas rose.    

samedi 6 octobre 2012

La séduction


Je n’ai pas écrit depuis plusieurs jours. Ce n’est pourtant pas les idées qui manquent. Je sens bien les jours et les semaines qui filent à toute allure, et je sais aussi ce qui s’en vient : le second traitement dans un peu plus d’une semaine. Je me suis donnée comme projet de créer une œuvre, de 5 x 5 pouces ou 15 x 15 pouces, chaque jour. Depuis mon premier traitement, et ce malgré la fatigue et les nausées initiales, je suis en pleine effervescence créative. Les modifications apportées à mes activités quotidiennes, notamment la méditation et le yoga, ont un impact profond sur ma sensibilité.  Le silence, la contemplation et les lectures connexes ont fait porte ouverte à une dimension spirituelle qui fait appel à l’intuition servant de tremplin à ma créativité. Chaque œuvre est créée spontanément et sert de point de départ pour la suivante.

J’ai été tellement emportée par mon projet qu’il y a trois jours, je me suis lancée dans la création d’une première toile de 2 x 3 pieds, séduite par l’idée d’exprimer la grandeur de ce qui m’habitait. Je désirais profiter de chaque instant de mon énergie retrouvée. Et j’en ai profité grandement! Le lendemain, j’en ai créée une autre de même format, mais après y avoir travaillé pendant toute une journée, le résultat ne me satisfaisait pas, alors j’ai tout recouvert et recommencé, puis recouvert et recommencé à nouveau. Et ce n’est pas terminé. Maintenant, je souhaite également apporter des modifications à la première…  Ainsi va la création. Je procède encore à tâtons, je cherche un fil, une écriture, une manière d’exprimer ce qui m’habite. J’explore différentes possibilités, et le résultat ne réponds pas à mes exigences, mais j’ai le feu de la création, et là est bien ma place. Je me rends compte à quel point l’art m’a manqué. Il est aussi devenu évident que la création est une composante fondamentale à mon bien-être, à mon équilibre même, alors voilà où j’ai eu la tête dernièrement, et il en sera ainsi lors des prochains jours. Toutefois, je serai plus au ralenti vers la fin de la semaine, car je dois être en forme pour prendre le second traitement. Je triche un peu. Je sais bien, ce n’était pas prévu, mais ça valait le coup et puis je reviens bientôt à mes petits formats et à mon blogue quotidien, la tête pleine de teintes, de formes et de nouvelles idées; tout ce qu’il faut pour arriver à vaincre la prochaine étape de ce cancer qui a déjà, assurément, perdu quelques plumes.

mercredi 3 octobre 2012

Diaporama / Slideshow

Je réalise une oeuvre par jour depuis le début de mes traitements (sauf la fin de semaine).  Il s'agit de mon JournArt de bord. Je ne peux vous dire à quel point cela me comble. Aussi étrange que cela puisse paraître, il y a très longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien. Il vous est possible de visionner ces oeuvres dans l'encadré à droite de ce texte.  Si vous cliquez sur l'oeuvre, vous pourrez voir toutes les peintures dans un plus grand format. Toutes ces images vous sont présentées en noir et blanc; je conserve la surprise des couleurs pour l'exposition qui prendra place, je l'espère, l'an prochain.

I have been creating one image every day beginning with my first treatment (except weekends).  I cannot express in words how fulfilling this creative experience has been  and I must say that I haven't felt this much alive in a very long time.  You can view these paintings at the right of this text.  If you click on the artwork, you will  see each one in a larger format.  The images are presented in black and white; the color originals will be shown in an exhibition that will likely take place next year.

mardi 2 octobre 2012

Se servir de l'inévitable

Lyne avait laissé une pensée près de de l'ordinateur.

"Happiness doesn't depend on who you are and what you have; it depends solely upon what you think"

Le bonheur ne repose pas sur qui tu es ou ce que tu possèdes, il repose entièrement sur ce que tu penses.

C'est une pensée de Dale Carnegie.  J'étais intrigué de savoir quel type d'homme avait bien pu écrire cette pensée et dans quel contexte.  Dale Carnegie est un conférencier devenu célèbre parce qu'il est l'auteur du livre Comment se faire des amis, traduction française du Best Seller How to win friends and influence people qui s'est vendu à plus de 4 millions d'exemplaires.

J'ai lu qu'une autre de ses célèbres citations était Cooperate with the inevitable. Ça m'a fait penser à tous ces traitements qui vise à faire disparaître le cancer. Je jongle depuis plus d'une heure avec cette pensée et je ne parviens pas à voir comment on peut coopérer avec le cancer.  L'image qui me vient, c'est plutôt celle de quelqu'un qui pratique le Aikido.  Pour se défendre, il utilise la force de l'autre pour le renverser ou le maîtriser; l'idée n'est pas de vaincre l'adversaire, mais plutôt de réduire à néant ses tentatives d'agression. 


C'est un peu ce que Lyne fait présentement, elle se sert du cancer afin de renverser les éléments de sa vie qui nuisaient à sa santé. Prendre soin de soi, éliminer au maximum les situations de stress, bien s'alimenter, et rétablir les priorités, la plus importante étant la présence de la création dans son quotidien.  Je suis revenu du travail hier; elle m'attendait avec un sourire et une certaine sérénité planait dans son atelier. Elle venait de compléter deux peintures. Personne ne devrait attendre d'avoir un cancer pour, enfin, faire certains choix qui donnent vie.