vendredi 9 novembre 2012

Simplifier la vie



Marc m’a lu, il y a quelques soirs, cet extrait de Où tu vas tu es de Jon Kabat-Zinn. Je l’écris intégralement, car je crois profondément en l’importance de ce que soulève l’auteur. Je souhaite tendre vers ce mode de vie et je suis reconnaissante envers les grands penseurs comme Thoreau qui ont pavé la route afin que nous puissions suivre leur trace. Je suis consciente que cela peut représenter le travail de toute une vie, mais il est l’heure du départ :  

Il m’arrive souvent d’avoir l’impulsion d’introduire quelque chose en plus dans le moment présent. Encore un coup de téléphone, encore un petit arrêt sur mon chemin avant d’arriver ici.

J’ai appris à identifier cette pulsion et à m’en méfier. Je travaille dur à lui résister. Elle m’incite à lire pour la énième fois le contenu diététique sur la boîte de céréales en prenant mon petit déjeuner. Cette impulsion se nourrit de n’importe quoi pourvu que ça occupe ailleurs. Le journal du matin est la tentation idéale, ou le catalogue de jardin, ou n’importe quel écrit qui traîne. Elle récupère tout pour m’abrutir avec la complicité de mon esprit embrumé. Elle me remplit le ventre sans que je puisse vraiment apprécier mon petit déjeuner.

Cette pulsion ravageuse me rend parfois indisponible à ce qui m’entoure. Ainsi, je ne vois pas le rayon de lumière jouer sur la table, je ne sens pas la bonne odeur du bacon en train de frire. Je suis distrait par les énergies éparpillées autour de moi, les discussions et les querelles de la famille qui est réunie avant de se disperser pour les diverses occupations de la journée.
Il me plaît de simplifier ma vie afin de contre-carrer de telles impulsions et de permettre à toute nourriture d’alimenter mes racines profondes. Cela signifie que je m’efforce de ne faire qu’une seule chose à la fois. D’être disponible aussi. Pendant une journée de nombreuses occasions se présentent : aller se promener, en passant quelques instants avec le chien pendant lesquels je suis entièrement à lui. Simplifier la vie veut dire moins de déplacements au cours d’une journée, voir moins afin de voir mieux, faire moins afin de faire plus, acquérir moins afin de posséder plus. Tout est lié. Pour moi, père de famille, mari, fils aîné de mes parents, très impliqué dans mon travail, l’impulsion de partir m’asseoir sous un arbre dans la forêt, de vivre auprès d’un étang de Walden, d’écouter l’herbe pousser, de voir les saisons changer, pose un sérieux problème. Cependant, parmi le chaos organisé, la complexité de la vie de famille, ses frustrations et ses dons merveilleux, il y a toujours moyen de choisir la simplicité dans les petites choses.

Ralentir le rythme nous simplifie la vie. Ordonner à mon corps et à mon esprit de rester tranquillement avec ma fille au lieu de répondre au téléphone. Ne pas suivre l’impulsion de téléphoner à quelqu’un qui « a besoin d’être appelé » justement à ce moment-là. Ne pas céder à la pulsion d’acheter n’importe quoi en écoutant les sirènes de la publicité sous toutes ses formes. D’autres moyens de simplifier la vie sont peut-être de rester chez moi un soir, sans rien faire de particulier, en lisant un livre, en me promenant seul ou avec l’un de mes enfants ou ma femme. Ou encore d’empiler les bûches sur le bûcher, ou de contempler la lune ou de sentir sur mon visage la douceur de l’air sous les pins. Je pourrais aussi aller me coucher tôt.
Je m’efforce de dire non, afin de me simplifier la vie, mais c’est difficile. C’est véritablement une discipline ardue qui mérite tous nos efforts. Parfois, il s’agit d’un choix délicat, car il y a des opportunités et des demandes auxquelles il faut répondre. Cela exige une adaptation, une réévaluation constantes. Mais je me suis rendu compte que le principe de simplifier les choses de ma vie me rend attentif à ce qui est important, à la corrélation entre l’esprit et le corps et l’univers entier. On ne peut jamais tout contrôler; mais le choix de la simplicité ajoute à l’existence un sentiment de liberté qui nous échappe si souvent et l’occasion de découvrir que le moins est peut-être le plus.

Pour faire suite à plusieurs réflexions en ce sens, Marc et moi avons décidé d’éliminer la télévision de notre salon. Il s’agit pour nous d’un geste significatif auquel s'ajouteront d’autres modifications qui tendent vers une simplification de notre vie telle que nous la souhaitons.   

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