vendredi 14 septembre 2012

Le corps a ses raisons



Je suis privilégiée. J’habite en bordure du lac St-Louis et tous les matins, depuis peu, je prends une marche d’une trentaine de minutes qui m’amène à un parc s’ouvrant sur une vue magnifique du lac. J’essaie très fort d’abandonner toutes les pensées qui me viennent à l’esprit, afin de demeurer ici et maintenant. Cet exercice exige de moi tout un effort, mais avec le temps, j’y arriverai. Ce matin, je me suis éveillée avec une douleur aux épaules et des tendinites aux deux coudes. Je suis devenue consciente, au fil des ans, que ces points fibromyalgiques sont pour moi les lieux par excellence où s’installent l’anxiété et le stress. En marchant, je pris soudainement conscience que j’avançais d’un pas très rapide, et que mes pensées fuyaient à la même allure. Je m’arrêtai quelques secondes pour prendre une poignée d’herbe fraîchement coupée et j’en inspirai l’odeur fraîche de la nature. Puis, je décidai de m’assoir sur un banc, face au lac, pour y méditer pendant 20 minutes.

Dans Guérir,Servan-Schreiber affirme que nous ressentons les émotions dans le corps et non dans la tête. Il parle d’une nouvelle médecine des émotions où il est souvent plus efficace de gérer le stress et l’anxiété sans médicaments ni psychanalyse en ayant recours, par exemple, à l’énergie de la lumière, ou en augmentant son apport quotidien en acides gras oméga-3 provenant de l’huile de poisson, entre autres. Il m’a déjà été recommandé à maintes reprises par mon équipe médicale d’inclure des activités telles que la méditation, le yoga, ou l’art dans mon quotidien. Je me suis particulièrement intéressée à la méthode de cohérence cardiaque proposée par Servan-Schreber. 

Comme dans la tradition de toutes les méthodes de relaxation, dit-il, la première étape consiste à tourner son attention vers l’intérieure de soi. La première fois qu’on la pratique, il faut d’abord s’extraire du monde extérieur et accepter de mettre de côté toutes ses préoccupations pendant quelques minutes. Accepter que nos soucis puissent attendre un peu, le temps nécessaire au cœur et au cerveau de retrouver leur équilibre. La meilleure façon d’y arriver est de commencer par deux grandes respirations lentes et profondes. Pour que l’effet soit maximal, poursuit-il, il faut laisser son attention accompagner le souffle tout au bout de l’expiration et la laisser faire une pause de quelques secondes avant que l’inspiration suivante ne se déclenche d’elle-même. Il faut, en fait, se laisser porter par l’expiration jusqu’au point ou elle se transforme naturellement en une sorte de douceur et de légèreté. Mais pour maximiser la cohérence cardiaque, il faut, après dix ou 15 secondes de stabilisation, reporter consciemment notre attention sur la région du cœur dans notre poitrine, comme si on respirait à travers le cœur ou la région centrale de la poitrine. Tout en continuant de respirer lentement et profondément, mais sans forcer, il faut visualiser, sentir même, chaque inspiration et chaque expiration traversant cette partie si importante de notre corps. Imaginer que l’inspiration lui apporte au passage, l’oxygène dont elle a tant besoin, et que l’expiration la laisse se défaire de tous les déchets dont elle n’a plus besoin, laissant le cœur se laver dans ce bain d’air pur, clarificateur et apaisant.

Assise, donc, face au lac où je savourais la vue des diamants sur l’eau et le soleil matinal chauffant ma peau, je procédai de mettre en pratique cette méthode. J’imaginai l’inspiration traversant mon cœur, et puis aussi, mon cou et mes épaules... Lorsque je regardai l’heure, cela faisait exactement 20 minutes que je me trouvais là à méditer. Je me levai lentement. Mon rythme s’était apaisé. Je marchai lentement jusque chez moi, appréciant tout ce que je n’avais pu voir dans mon élan frénétique vers le lac. Les tendinites sont toujours présentes, je l’accepte tout simplement. Ce matin, je prévoyais malgré la douleur que je tentais d’ignorer, me lancer dans la préparation de la pile de papier prévue pour mon projet de création. Au lieu de cela, je lirai paisiblement tout  l’après-midi.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette belle réflexion qui nous pousse à prendre le temps de prendre son temps. Prendre conscience que notre corps a besoin de temps et que le temps a souvent raison de notre corps. C'est pourquoi nous devons prendre du temps pour nous et nos proches, avant que le temps nous manque. Un temps pour l'amour, un temps pour la vie, un temps pour contempler la beauté qui nous entoure, tel les battements de notre coeur qui bat au rythme du temps.

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