"À quoi reconnaît-on les gens fatigués. À ce qu'ils font des choses sans arrêt. À ce qu'ils rendent impossible l'entrée en eux d'un repos, d'un silence, d'un amour. Les gens fatigués font des affaires, bâtissent des maisons, suivent une carrière. C'est pour fuir la fatigue qu'ils font toutes ces choses, et c'est en la fuyant qu'ils s'y soumettent. Le temps manque à leur temps. Ce qu'ils font de plus en plus, il le font de moins en moins. La vie manque à leur vie.
(Une petite robe de fête, coll. folio #2466, p. 27)
Après six mois de chimiothérapie, une chirurgie et 29 traitements en radiothérapie - les derniers traitements ont probablement été les moments les plus douloureux, toute chose étant très relative - Lyne se retrouve aujourd'hui, en septembre 2013, avec non seulement un cancer en moins (rien n'est jamais sûr à 100%, mais nous osons l'espérer), elle a également acquis une meilleure compréhension de ce qu'il lui faut pour vivre. Depuis déjà bien longtemps, l'envie de se consacrer à son art sommeillait en elle. De mon côté, je savais que l'art la faisait vivre: combien de fois je l'ai vue flotter dans son atelier à mon retour du travail (elle ne s'y retrouvait cependant qu'un jour par semaine avant juin 2012) ; devant sa toile, elle retrouve son souffle, son rythme. Toute épreuve apporte une lumière. C'est sous cette lumière que Lyne a décidé de quitter l'emploi qu'elle occupait depuis les cinq dernières années et de prendre le temps de créer. Nous avons eu amplement le temps d'en discuter durant ma demière année en sabbatique. Ce choix ainsi que d'autres sur le plan de la nutrition et de l'activité physique sont porteurs d'avenir. Dans notre demeure, l'air est rempli d'une plus grande sérénité.
Depuis quelques semaines, je suis de retour au travail avec une nouvelle cohorte d'élèves à découvrir et à accompagner dans leur cheminement, j'ai retrouvé mon badminton, je ne cuisine malheureusement plus autant qu'avant. À mon retour à la maison, ma Lyne respire et me regarde, parfois sans rien dire, avec en tête des tonnes d'idées pour sa prochaine toile. Je suis heureux.
Accepter ce qui nous arrive pas comme une fatalité mais plutôt comme une leçon. Exprimer ce que l'on ressent, vivre et laisser vivre nos émotions au lieu de les laisser nous gruger par en dedans... S'arrêter pour écouter et laisser aller ce qui nous dérange... Lâcher prise... il ne faut pas attendre que l'alerte soit sonnée, il faut prévenir plutôt que réagir trop tard... Pourquoi on comprends ça toujours sur le tard...
RépondreSupprimerMerci Lynn et Marc pour vos réflexions, ce que vous avez vécu ensemble vous a rendu plus fort et vous avez été une source de courage et d'admiration car votre bonheur se ressent et le soleil est dans votre vie.
Tiens nous au courant de ton exposition, c'est pour quand ... au printemps ?
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